Contraception : les Françaises de moins en moins adeptes de la pilule
Publié le Par Antoine Sauvêtre
Paille - flickr
D’après une étude remise à la ministre de la santé Marisol Touraine, la pilule connait une baisse de sa consommation au profit d’autres contraceptifs. La controverse des pilules 3ème et 4ème générations et la crise économique en seraient les principales causes.
L’enquête de l’Institut national d’études démographiques et de l’Inserm révèle un changement des pratiques dans la contraception des femmes françaises. Contraceptif privilégié par des générations depuis sa légalisation par la loi Neuwirth en 1967, la pilule connait un recul de son succès, qui s'est accéleré depuis le scandale des pilules dites de 3ème et 4ème génération débuté en 2012. Entre 2011 et 2013, une femme sur cinq déclare avoir changé de contraceptif même si la pilule reste le moyen de contraception le plus utilisé.
Popularité du stérilet
L’étude, réalisée auprès de 4 453 femmes et 1 587 hommes montre ainsi que le recours à la pilule est passé de 50% en 2010 à 41% en 2013. Les pilules mises en accusation dans les scandales sont les plus touchées par ce recul. Elles ne représentent plus que 10% des méthodes utilisées contre 19% il y a 3 ans. Ce changement de comportement semble particulièrement vrai chez les plus jeunes. Les moins de 30 ans se sont reportés essentiellement sur le stérilet (+1,9 point) et le préservatif (+3,2 points). D’autres méthodes (rapports sexuels hors périodes de fécondabilité ou retrait) connaissent également une hausse de leur pratique (+3,4 points).
« La réticence des médecins français à proposer [le stérilet] aux femmes jeunes ou sans enfant semble pour la première fois avoir diminué, en partie grâce à une demande des femmes elles-mêmes », écrivent les auteurs de l’étude. Ainsi, chez les femmes de 20-24 ans, le recours au stérilet est passé de 2% à 5% et chez les femmes de 25-30 ans de 8% à 16%.
Inégalités sociales
L’étude confirme également le retour d’une tendance constatée il y a plusieurs années, liée à l’impact de la crise économique. « Les femmes en situation financière précaire ou sans diplôme sont passées, pour des raisons économiques, aux méthodes naturelles, connues pour leur moindre efficacité, relève Le Monde, quand les diplômées, elles, se sont tournées vers des moyens tout aussi efficaces comme le stérilet ». Par substitution, les professions libérales ont privilégié les anciennes pilules ou les préservatifs quand les ouvrières sont restées fidèles aux premières pilules.
Mise en garde
Les auteurs du rapport redoutent une hausse des grossesses non désirées, notamment dans les milieux précaires. Ils mettent donc en garde les pouvoirs publics sur cette question de la résurgence d’inégalités face à la contraception et évoquent les freins à l’accès aux contraceptifs comme la non-gratuité du préservatif ou l’obligation d’avancer les frais liés à la consultation.