France Société

Grève des sages-femmes : « Il n’y a rien de concret dans ce que nous propose Mme Touraine »

Publié le  Par Roxane Bayle

image article

Flickr de Alain Bachellier

En grève depuis le mois d’octobre, les sages-femmes ont frappé un grand coup jeudi dernier, avec une grande manifestation qui a rassemblé près de 4000 personnes, revendiquant le changement de leur statut. Marisol Touraine, ministre de la Santé, a annoncé la création d’un groupe de travail sur cette question avant la fin du mois de novembre. Adrien Gantois, responsable de la communication du Collège National des sages-femmes de France, a accepté de nous en dire plus sur cette annonce et sur les revendications du mouvement.



1°) Etes-vous satisfaits de la proposition de la ministre de la Santé, Marisol Touraine, à savoir l'organisation d'un groupe de travail le 19 novembre prochain, suite à votre manifestation de jeudi ?

Tout d'abord, durant cette manifestation à Paris, près d'un quart de la profession, soit 4000 personnes, était présente. Beaucoup étaient mobilisés ce jeudi à Paris, et nous sommes satisfaits de la manifestation et fiers de faire partie de cette profession. Ensuite, il n'y a rien de concret dans ce que nous propose Mme Touraine, rien de concret en tout cas sur le statut de la sage-femme, la principale revendication de notre mouvement. Elle dit qu’elle nous a entendus mais aucune véritable proposition n’a été faite. On espère juste que ce n'est pas un moyen de nous divertir en attendant que la mobilisation puisse s'essouffler. Ce groupe de travail se tiendra le 19 novembre. Nous continuerons notre mouvement jusque là et, en fonction du résultat de cette réunion, nous nous réunirons en assemblée générale pour décider de la reconduite de la grève. Il faut comprendre aussi que nos attentes sont concrètes et légitimes, car il y a un vrai problème de santé publique avec le statut des sages-femmes: sur toute l'Europe, au niveau de notre champ d'action et de notre légitimité, Nous ne sommes que vingtièmes en France, bien loin derrière les pays du Nord. C'est pour ça que nous souhaitons obtenir le statut médical. Nous sommes tout aussi aptes qu'un médecin ou un infirmier à donner les soins requis aux femmes. Mais on nous considère comme de simples assistants, y compris dans la profession médicale.


2°) Comment expliquez-vous votre champ d'action limité et ce statut de personnel "paramédical" contre lesquels vous manifestez ?

C'est un problème historique : les sages-femmes sont en majorité de sexe féminin et, de ce fait, ont toujours été longuement discriminés par la profession. Notre mobilisation rassemble la plupart des pratiquants, que ce soit des sages-femmes libérales, du milieu hospitalier ou encore étudiantes, pour un souci que je qualifierai de "politique". Après, nous ne voulons pas du statut de personnel médical pour rentrer en concurrence avec les médecins ou leur lobby. Nous coopérons avec les médecins et ne voulons pas entrer en concurrence avec eux, comme ça a été affirmé par la presse récemment. Dans les années 1970-1980, il y a eu un bouleversement dans l'égalité des hommes et des femmes, on assiste actuellement à des changements au sein même de notre société, on doit apporter des soins plus spécifiques à apporter aux femmes enceintes, ... Il est donc temps que cette profession soit réévaluée en fonction de ces changements.


3°) Beaucoup ont qualifié votre grève, qui a commencé mi-octobre, de "grève invisible". Que pensez-vous de cette soudaine médiatisation ? Que diriez-vous aux Français qui viennent tout juste de découvrir vos problèmes ?

Il est évident que si la population n'est pas au courant, le gouvernement n'agira pas. Et le fait que notre mouvement soit médiatisé ajoute une pression sur nos instances politiques, comme on est en train de le voir avec les Bretons. Ce que les gens doivent comprendre, c'est que nos revendications ne concernent pas d'éventuelles hausses de salaire, c'est plus compliqué que ça : obtenir le statut de personnel médical permettra à la profession de s'émanciper. Les sages-femmes représentent un véritable organe de santé publique ! Il faut savoir que 25 à 30% des femmes n'ont pas accès aux soins gynécologiques. Alors, pourquoi ne pas consulter les sages-femmes?


4°) Pour l'amélioration de vos conditions de travail que préconisez-vous?

Une sage-femme enchaîne plusieurs accouchements par jour, ce qui demande plus de concentration car on a la responsabilité de la femme enceinte mais aussi du nourrisson. Pour beaucoup, c'est le plus beau métier du monde, mais on aimerait que la pénibilité au travail soit reconnue. Mais nous ne sommes pas là pour dire qu'on souhaite moins de travail : il y a de plus en plus d'accouchements en France et la sage-femme a de moins en moins de temps pour accompagner les patientes. Beaucoup de femmes se disent déçues par l'Hôpital Public après l'accouchement. Il faut donc travailler ensemble pour que les femmes ne soient pas traumatisées, donc plus de sages-femmes dans les maternités, et faire en sorte que l'accouchement reste un heureux évènement.







Réagir

Si vous souhaitez voir votre commentaire apparaître directement sur le site sans attendre la validation du modérateur, veuillez vous identifier ou créer un compte sur le site Paris Dépêches.


Publier le commentaire

Me prevenir des réponses




Commande de vin

Vêtements bio

retour menuRetour au menu

© 2013 AMLCF - Réalisation : NokéWeb