Scolarité : le désaveu de la classe moyenne envers l'école
Publié le Par Raphaël Didio
Flickr - CG94 photos
Les Français issus majoritairement de la classe moyenne ne croient plus au système scolaire actuel pour garantir la promotion sociale de leurs enfants d'après un sondage paru aujourd'hui.
Les Français n’ont définitivement plus confiance dans le système scolaire. Un sentiment qui se traduit majoritairement chez les classes moyennes qui éprouvent « une crise de confiance » et qui sont « les plus sensibles à l’effet ascenseur social envers l’école » déclare au Parisien Dominique Reynié, directeur de la Fondation pour l’innovation politique (Fondapol). C’est son institut qui vient de réaliser avec l’Ifop une vaste enquête (réalisé du 7 au 10 octobre 2014 auprès d'un échantillon de 2 003 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. Méthode des quotas) auprès de ces classes moyennes qui est un enjeu politique majeur pour la gauche et la droite. De cette enquête, il en résulte plusieurs enseignements : peur du déclassement pour leurs enfants, avec un stress qui les conduit à chercher de l’aide en dehors de la classe.
« Le principal moteur des parents, c'est un soutien individualisé des enfants qui les rassure, relève Frédéric Dabi, de l'Ifop. Le recours au soutien scolaire n'est plus vu comme une solution exceptionnelle. » Ainsi, le sondage montre que 67 % des Français ayant des enfants scolarisés réclament un soutien scolaire à l’école. 43 % estiment que c’est même la meilleure solution pour aider leurs enfants. Cela ne doit ainsi être plus destiné seulement aux mauvais élèves. Le but est bien évidemment de maximiser les chances de tous les enfants d’accéder à la meilleure filière, au meilleur bac et au meilleur diplôme. Mais ce n’est pourtant pas la solution assure Louis Maurin, directeur de l’Observatoire des inégalités, « dans une école très compétitive qui fonctionne sur le mode de l'échec plutôt que celui de l'encouragement ».
Création d’une assurance complémentaire éducation ?
Dominique Reynié propose « La création d'une assurance complémentaire éducation, comme il existe une complémentaire santé ou retraite. Concrètement, les familles payant l'impôt sur le revenu pourraient déduire l'intégralité des heures de soutien scolaire (NDLR : aujourd'hui, une partie est déductible). Et celles qui ne le paient pas mais seraient tout autant demandeuses recevraient une bonne éducation donnant droit à un volume d'heures de soutien. » Cela pourrait être financé, selon Fondapol, par les collectivités locales ou par les entreprises employant les parents.
Une idée qui ne fait pourtant pas l’unanimité, car les détracteurs estiment qu’encourager financièrement les familles à recourir au privé n’est pas la solution puisque des mécanismes d’aide individualisée aux élèves se développent et pourraient se généraliser s'ils bénéficiaient d'une telle manne financière. Mais le soutien n’est sans doute pas la solution à tous les maux de la scolarité actuelle « C'est totalement vain si on ne change pas plus généralement la façon dont on fait l'école, nuance Louis Maurin. Le soutien scolaire permet d'écoper, mais ça ne résorbe pas la fuite dans le bateau... »