Le rapport consternant du Secours catholique sur la pauvreté

Le Secours Catholique a tiré un constat sans appel dans son rapport annuel sur la pauvreté, publié ce jeudi. « La pauvreté s'intensifie et s'enracine. On rencontre davantage de personnes avec un niveau de vie de plus en plus faible », assure l'association qui a apporté l’année dernière une aide à 1,4 million de personnes dont 692 000 enfants. En moyenne, ces bénéficiaires disposent d’un revenu de 515 euros par mois, soit 17 euros par jour, un chiffre bien en-deçà du seuil de pauvreté estimé à 987 euros et du seuil de très grande pauvreté (651 euros). 16 % de ces bénéficiaires ne disposent d’aucune ressource, par ailleurs.

D’après le Secours catholique, la pauvreté touche des personnes de moins en moins visibles, notamment les seniors précaires et les hommes seuls. Sur l’ensemble des personnes accueillies, 8,5 % d’entre eux ont désormais plus de 60 ans alors qu’ils représentaient 5 % des populations aidées en 2000. Une progression encore plus forte chez les plus de 50 ans qui comptent 25,5 % des personnes accueillies contre 18 % en 2011. Un chiffre qui n’est pas sans rappeler ceux du chômage. En septembre, le nombre de demandeurs d’emploi de plus de 50 ans avait augmenté de 11,1 % sur un an contre 4 % sur l’ensemble de la population.

Un constat dramatique à tous les étages

La moyenne européenne et celle de la plupart des Etats membres montrent que les femmes vivant seules sont généralement plus pauvres que les hommes seuls en Europe (25,8 % contre 24,9 %), ce qui n’est pas le cas en France. En 2012, 18,8 % de femmes seules étaient pauvres contre 20 % d’hommes seuls. Les jeunes, les migrants, les grands exclus ou les pères célibataires sont ceux ayant le moins de revenus, avec en moyenne 437 euros par mois. 28 % n’ont aucune ressource. Le Secours catholique s’inquiète également de la proportion grandissante de femmes parmi les seniors accueillis.

De 54 % en 2003, elle est passée à 61 % en 2013 avec un revenu moyen de 772 euros, « soit 215 euros en dessous du seuil de pauvreté  ». Mais ce ne sont pas les seules touchées puisque le nombre total de personnes accueillies s’accroît (+46 000), avec une hausse marquée des familles avec enfant, qu’elles soient monoparentales (+2,3 %) ou qu’il s’agisse de couples (+ 6%). Il en résulte le mal-logement, puisque 45 % vivent chez un proche, en centre d’hébergement, dans un squat ou à la rue. La précarité énergétique est enfin un autre problème, puisqu’il y a une forte augmentation des impayés d’énergie? « Les gens doivent choisir entre se nourrir et se chauffer », note l'association qui réclame au président de la Républqiue « de revoir notre dispositif de protection sociale, qui ne protège plus les plus fragiles. »