Grève SNCM : Manuel Valls hausse le ton
Publié le Par Raphaël Didio
Flickr - Parti Socialiste
Manuel Valls a appelé au calme et a demandé aux marins de la SNCM de cesser e plus rapidement possible la grève qui en est à son seizième jour.
En ce seizième jour de grève ce mercredi à la SNCM, le premier ministre Manuel Valls a pris une nouvelle fois position pour un rapide arrêt de la grève des marins. « La SNCM peut repartir sur de bonnes bases et des solutions sont possibles. Pour cela, il faut que les salariés reprennent le travail », a-t-il assuré. Il a par ailleurs invité les acteurs « socio-économiques » corses jeudi à Matignon. Manuel Valls a appelé les deux parties au calme et a déclaré que « le blocage des navires et les violences sur les ports [étaient] inacceptables. Et le gouvernement prendra, dans les heures qui viennent, toutes les mesures nécessaires pour que ces blocages cessent. »
Les discussions entre syndicats et Transdev n’ont rien donné
Il a alors évoqué la possibilité de « compensations » face au préjudice économique subi par les commerçants insulaires après que les organisations socioprofessionnelles corses aient saccagé les bureaux de la SNCM à Bastia. La Corse étouffée par le blocage, les négociations entre marins et actionnaires sont désormais au point mort. A Bastia (Haute-Corse), un millier de commerçants et professionnels du tourisme ont manifesté ce mercredi matin devant la préfecture pour demander à l’Etat de résoudre le conflit. Ils ont ensuite cadenassé en début d’après-midi les grilles du bâtiment après avoir déversé des centaines de fruits devant l’entrée de la préfecture. Devant l’échec des discussions, les commerçants ont fini par se rendre devant les locaux de la SNCM sur le port de Bastia, saccageant l’intérieur du bâtiment avant de taguée la devanture par un « SNCM Fora » (dehors).
Cette nuit, les discussions entre représentants de l’intersyndicale de la compagnie maritime et son actionnaire majoritaire Transdev (66 %) n'ont rien donné après 24 heures de confrontation. Le médiateur nommé par le gouvernement, Gilles Bélier, a donc décidé de reporter les pourparlers à ce mercredi. En vain. Les représentants des actionnaires ont estimé qu'ils devaient encore se consulter et la rencontre n'a finalement duré que vingt-cinq minutes, avant qu'un autre rendez-vous ne soit fixé à 16 heures. Les syndicats ont, pour leur part, déjà voté la reconduction du mouvement. Les syndicats des marins avaient eu déjà du mal la veille à digérer l’intervention du premier ministre qui avait haussé le ton : « Il faut que la grève s’arrête » car la SNCM « est en danger de mort », a-t-il lâché sur TF1.
Le ton monte entre toutes les parties
Les commerçants corses ne sont pas plus rassurés, puisque leur chiffre d’affaires dégringole, sans compter que les rayons se vident dans les supermarchés à cause du blocage du fret. Les hôteliers enregistrent des annulations de réservations records et nombre de Corse craignent de lourdes répercussions puisque tous les secteurs de l’économie de l’île sont interdépendants. La Corse aurait déjà perdu 230 000 visiteurs en l’espace de 15 jours selon la présidente de l’Agence du tourisme de la Corse. Devant ces préoccupations, les revendications des grévistes sont devenues inaudibles au sein de l’île. De nombreuses tensions sont à déplorer entre les commerçants, les acteurs du tourisme, les élus corses et les grévistes.
Les socioprofessionnels exigent des pouvoirs publics de débloquer le Kalliste, bateau de la Méridionale - seule autre compagnie à opérer entre Marseille et la Corse -, bloqué à quai par les marins CGT de la SNCM, ainsi que la sécurisation d'un quai permettant à la compagnie de reprendre ses rotations. Ils ont également tenté la semaine passée de rencontrer le préfet dans le calme mais ont été victimes d’une évacuation musclée par les CRS.