La fille verticale, de Félicia Viti
Publié le Par Pascal Hébert
Francesca Mantonvani
Un premier roman, avec une puissance nucléaire à la clé ! La fille verticale de Félicia Viti atomise littéralement l’amour passion. En ces temps exacerbés à tous les niveaux de la société, ou même "l’amour" va jusqu’à tuer, la romancière nous entraîne dans un ballet amoureux poussant les sentiments jusqu’à se perdre. Mais avant tout, ce n’est pas l’amour abstrait qu’évoque Félicia Viti dans son roman, ce sont plutôt ces petits riens qui donnent envie d’aimer jusqu’à ne plus comprendre, ne plus savoir.
Comme elle l’affirme dans son texte « l’amour ne se voit pas »… mais il se sent, se ressent jusque dans sa chair et son âme. Alors, pour bien comprendre la narratrice de ce livre, il ne sert à rien d’intellectualiser l’amour ou la passion. Il faut juste se laisser guider par les mots et partir les yeux bandés à la découverte de L.
Un jour dans un cinéma, un visage fouette la narratrice. Le visage de L. Et très vite, l’invasion de la rencontre s’impose comme déjà cette envie irrésistible de poser sa main sur la partie la plus intime du jean de L. Une relation chaude et intense commence entre les deux femmes qui se cherchent tout en se perdant. S’attirant, se rejetant, la narratrice et L. brûlent à feu doux ce qui les réunit. Les sautes d’humeur, les retrouvailles, les bagarres avec une violence extrême et des entractes réservés au sexe tout aussi intense, résument la vie de ce couple. Mais comme deux êtres qui ont besoin l’un de l’autre, tout est accepté et à n’importe quel prix. La narratrice ne cache pas ses désirs de pénétrer comme un homme la femme qui tombe dans ses filets. La jouissance de L. entre ses bras ne la comble-t-elle pas ? C’est sans compter avec une relation humaine difficile voire impossible poussant l’autrice de ce roman à rester en permanence aux aguets, à surveiller le moindre geste de L. perdue dans sa prison physique et mentale.
Mais au fait, qu’est-ce une fille verticale comme L ? Félicia Viti nous apporte sa réponse : « C’est la fille contraire à la fille horizontale. A celle qui se couche et qui donne son corps et qui dit je t’aime. La fille verticale, c’est celle qui vous tourne le dos quand elle met ses chaussures et qui vous regarde comme un étranger quand elle se réveille. Qui refuse de dîner avec vous, qui s’enfuit quand vous la poursuivez, qui veut que vous la poursuivez pour rester debout. »
Chuter du plus haut de son âme, c’est ce qui attend la narratrice de la fille verticale, celle qui n’a jamais posé les pieds sur terre.
Pascal Hébert
"La fille verticale", de Félicia Viti. Éditions Gallimard. 110 pages. 15,50 €.