Avalanche, de Raphaël Haroche
Publié le Par Pascal Hébert
Francesca Mantonvani
Raphaël Haroche, plus connu sous le nom de Raphaël le chanteur à succès de Caravane, s’est lancé dans le grand bain de la littérature avec un premier roman. Après un passage par un livre de nouvelles qui lui a valu le prix Goncourt 2017, Raphaël revient sur l’adolescence avec Avalanche gratifié d’un style assez léger et simple.
Le narrateur et son frère se retrouvent en Suisse dans une école fréquentée par les enfants de familles au portefeuille bien garni. Boursiers, les deux frères mesurent l’écart entre les privilégiés et ceux moins fortunés qui ont quand même la chance d’être accueillis dans cet établissement pour riches. Malgré tout, le frère aîné parvient à se faire accepter par les élèves.
Au fil de la lecture, certaines scènes imaginaires comme un voyage en train avec une jeune aveugle sont assez plaisantes à lire. Le roman de Raphaël Haroche met en scène une belle brochette de personnages. On retient principalement la tsarine et Babouchka, la grand-mère un peu foutraque avec son accent incroyable et ses excentricités. Malheureusement, même s’il y règne une certaine atmosphère, ce premier roman manque de souffle. On se perd et s’ennuie assez souvent avec un bavardage inutile, des poncifs et des clichés.
Ce livre aurait mérité d’être davantage ramassé pour maintenir une tonalité en Fa mineur appropriée à ce genre d’histoire et qui l’aurait mieux servi. Avec Raphaël Haroche, on peut constater la difficulté pour un chanteur de passer d’un art mineur (qui ne nécessite pas d’initiation) à un art majeur. D’autres s’y sont essayés avec succès comme Yves Simon, David Mc Neil ou Georges Moustaki. Sans oublier Serge Gainsbourg, et son excellent Evgueni Sokolov de 90 pages seulement… éclaboussant de talent !
Raphaël Haroche, qui ne manque pas de qualités, devrait méditer cette citation de JMG Le Clézio avant de s’engager dans un second roman : « Je milite en faveur d’une littérature qui n’est pas seulement de distraction mais qui possède aussi une profondeur, une résonance, une complication intellectuelle. La littérature ne doit pas être facile. Elle n‘est ni le langage courant, ni la représentation de l’actualité. La littérature est recherche et critique : elle est un art de la difficulté. » Un art majeur, qu’on vous dit !
Pascal Hébert
"Avalanche", de Raphaël Haroche. Editions Gallimard. 217 pages. 18,50 €.