Au moins nous aurons vu la nuit, d’Alexandre Valassidis
Publié le Par Pascal Hébert
Francesca Mantonvani
La maison Gallimard vient de créer le label Scribes « pour accueillir des gestes d’écriture singuliers ». L’un des premiers auteurs à se lancer dans l’aventure est Alexandre Valassidis, poète, sous le nom de Louis Adran. En étrennant Scribes, Alexandre Valassidis propose son premier roman. Un premier livre fait d’ambiance entre chien et loup, où le noir se marie avec le rouge.
Conçu comme un scénario de film noir, "Au moins nous aurons vu la nuit" met en scène deux jeunes garçons. Dans cette histoire, où les personnages se comptent sur les doigts d’une main, il y a le narrateur qui tente de se souvenir de tout ce qu’il a vécu avec Dylan, disparu mystérieusement. Ces deux gamins des cités abandonnés lorgnent avec envie sur ce qui se passe de l’autre côté de leur vie. Là où la classe moyenne peut dormir dans des maisons cachées par des haies bien taillées.
Tout au long de ce récit, le narrateur s’interroge sur les circonstances de la disparition de Dylan. Une disparition que rien ne laissait présager. A t-il été kidnappé, victime d’un meurtre au point de faire venir les plongeurs pour sonder un lac, une fugue bien préparée ? Tout est mystérieux. Les souvenirs qu’essaie tant bien que mal de rassembler l’ami de Dylan ne sont pas convaincants. Dans cette vie où rien ne se passe, où le temps s’accroche au nuage de la désespérance, les deux garçons font un détour une nuit comme les autres et s’éloignent de leur trajet habituel. Ils découvrent un personnage insolite, comme sorti d’un western, fumant dans son jardin et quittant ensuite sa maison.
Après plusieurs hésitations, les deux compagnons d’arme décident de profiter de l’absence du maître de la maison pour y faire une incursion. Comme dans un film d’action, on suit pas à pas les deux gamins partis à la découverte. Ils finissent pas s’arrêter dans une chambre abritant une personne malade. Entre panique et désir de finir leur mission, les deux explorateurs s’affolent pour finir par se séparer.
Dylan évanoui, le narrateur part à la recherche de son ami avec cette sensation dans la bouche : « Chaque fois, c’était l’impression de glisser. De s’enfoncer lentement vers l’inconnu. Comme si nous nous laissions couler au fond d’un lac. Sans pourtant nous inquiéter de ce que nous pourrions devenir. »
Pascal Hébert
"Au moins nous aurons vu la nuit", d’Alexandre Valassidis.
Éditions Scribes. 120 pages. 15,50 euros.