Dieu, Allah, moi et les autres, de Salim Bachi. Et Dieu, dans tout ça ?
Publié le Par Pascal Hébert
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Salim Bachi est un écrivain qui nous avait comblés avec son roman "Amours et aventures de Sindbad le marin". Son dernier livre n’est pas un roman. C’est plutôt une conversation entre lui et sa conscience. Entre un homme et son histoire. Une histoire particulière puisqu’elle se déroule dans un premier temps dans une Algérie perdue après la colonisation. Et comme toute civilisation perdue, cette Algérie se cherche et se trouve dans la terreur. A commencer par la terreur infligée au peuple jusqu’aux enfants dans les salles de classe.
Avec le sens de la narration digne des meilleurs conteurs, Salim Bachi narre cette jeunesse et cette adolescence qu’on lui a volées. Pour rendre le peuple plus obéissant, les autorités ont mis en place un système basé sur l’utilisation de la religion. Et l’interprétation de l’islam à des fins de servilité est une excellente arme que le néo-gouvernement algérien post-révolution a su utiliser à merveille après l’indépendance de 1962. Salim Bachi explique avec lucidité et son ressenti l’apprentissage d’une religion sans la foi. Comment peut-on apprendre le Coran à coups de trique ? C’est bien la question que pose le romancier dans ce livre. Mettant en perspective les contradictions de la religion avec son utilisation politique, Salim Bachi pointe du doigt tous ceux qui se cachent derrière un système bien rodé pour s’enrichir à l’ombre du peuple soumis. Apportant son analyse sur l’émergence du GIA en 1992 et de Daech, l’auteur ne se trompe pas de cibles. En apportant la violence par la religion, les gouvernements de ces pays autoritaires créent eux-mêmes ceux qui viendront leur demander des comptes au nom d’Allah…. et bien sûr avec plus de violence encore.
Ce livre est également l’occasion pour Salim Bachi de nous raconter son parcours en France et en Algérie. Ses rencontres de jeunesses et parisiennes. Salim Bachi parle également de ses relations aux femmes. Avec son livre, "Dieu, Allah, moi et les autres", l’auteur s’est embarqué dans un plaidoyer pour le bien vivre ensemble… au-delà des religions si c’est encore possible… Quelque quarante années plus tard, on va définitivement finir croire Claude Nougaro, qui psalmodiait dans Plume d’ange : "La foi est plus belle que Dieu…"
Pascal Hébert
"Dieu, Allah, moi et les autres", de Salim Bachi aux éditions Gallimard. 178 pages. 16 €.