Guide des égarés, de Jean d’Ormesson
Publié le Par Pascal Hébert
Jean d’Ormesson est l’écrivain de la joie. D’une joie que le grand âge n’assombrit pas. Tout juste pense-t-il à la mort, qu’il l’inclut rapidement dans sa joie de vivre. Tout à un commencement et une fin résume l’académicien. Avec son Guide des égarés, Jean d’Ormesson ne profite pas de son expérience pour donner aux lecteurs des leçons. Bien au contraire, tout en prenant de la hauteur, mais juste assez pour rester à la portée de ses contemporains, Jean d’O s’interroge.
Pour lui, nous sommes tous des égarés. Claude Nougaro, un autre humaniste, répondait : « Nous sommes des orphelins de Dieu et idiots du cosmos. » Partant d’une simple question, « qu’est-ce que je fais là ? » Jean d’Ormesson replace l’homme dans son contexte géopolitique. C’est à dire comme un intrus sur cette basse terre. Mesurant l’homme à l’aune du cosmos et de la terre qui le porte, l’écrivain se demande bien à quoi tout ça peut il servir. A quel dessein ? Avant la naissance et après la mort, que se passe-t-il réellement ? Personne ne peut répondre à cette question qui fait partie du mystère de la création. Passant en revue avec un œil bienveillant, le temps, la naissance, la mort, l’air, la liberté, la joie, Jean d’Ormesson expose le fond de sa pensée. Au-delà de la matière, il s’arrête le plus souvent sur l’esprit, la vérité, sans oublier cet éternel absent qu’est Dieu. Le romancier ne donne pas de leçon. Il pose les principes d’un exercice composant une vie. Et au-delà de tout, Jean d’Ormesson ne manque pas de souligner l’importance de l’amour qui est la marque originale de l’homme. Ce besoin d’aimer à tort et à travers fait partie de la plénitude humaine, de sa raison de vivre.
Avec le Guide des égarés, Jean d’Ormesson a mis en musique les mots de Georges Moustaki : « La vie et la mort sont les deux notes du même accord. Entre les deux, essayons que cela se passe le mieux possible. »
Pascal Hébert
Guide des égarés, de Jean d’Ormesson aux éditions Gallimard. 120 pages. 14 €.