France Culture

Patrick Béguier vient de publier Seaghan : « Mon amour de la mer »

Publié le  Par Jacques-Henri Digeon

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Avec « Seaghan », Patrick Béguier nous offre une aventure fantastique et poétique. Mais il nous alerte aussi sur l’état de la mer que l’homme ne respecte plus. Notre chroniqueur Pascal Hébert l’a rencontré.

Alors que les instances internationales se penchent sur le climat et les conséquences du réchauffement de la planète, peu se soucient de l’état des océans. La mer va continuer de monter, mais dans quel état ? Véritable machine à laver des déchets de l’homme, la mer sature. Et c’est bien ce message que nous fait passer Patrick Béguier dans son dernier roman Seaghan ou "l’enfant de mer". Soucieux de l’état des océans, le romancier nous interpelle avec poésie et pragmatisme sur ce que deviendra la planète bleue. Pour lancer ce cri d’alarme, Patrick Béguier a pris les armes de la plume. Son odyssée fantastique commence par la mer et un enfant, Seaghan, qui vient parler aux hommes. Cet enfant, mi-humain mi-marin, a le devoir de ramener les hommes à la raison. Il sera aidé dans sa tâche par Gwenn, une mère adoptive au cœur d’or qui a compris que son destin était mêlé à jamais à cet enfant extraordinaire. Après avoir fui la Bretagne, Gwen et l’enfant trouveront refuge sur l'île de Ré, si bien chantée par Claude Nougaro.
Avec une plume dynamique et passionnée, Patrick Béguier nous fait voyager sur tous les océans pour sauver cette mer pourtant si rassurante mais que l’on détruit à petit feu.  Le lanceur d’alerte dénonce avec talent l’hypocrisie entourant la pêche sauvage. Patrick Béguier, véritable amoureux de la mer, prône une maîtrise raisonnable de la pêche.

Qu’est-ce qui vous a motivé pour écrire cette odyssée fantastique ?

Depuis longtemps, je cherchais l'idée d'un roman où je pourrais exprimer avec force mon amour de la mer et ma colère devant le sort que lui réservent les hommes. Il y a plus de quatre ans maintenant, j'ai eu un flash : les mots "mer" et "mère", dans notre belle langue française, se prononcent de la même façon. Pourquoi alors ne pas faire de la mer, une mère qui mettrait au monde un enfant pour qu'enfin les hommes comprennent l'immense danger qu'ils font courir à la planète et aux océans en particulier (71% de la surface du globe !). Ce roman est donc fantastique, mais il s'inscrit totalement dans la réalité contemporaine. Avant d'écrire, j'ai passé deux ans à me documenter.

Qui est ce Seaghan, le héros de votre roman ?
On remonte dans les légendes celtiques ! Seaghan est le nom du disciple d'un évêque marin irlandais du Vème siècle, Brendan, qui, à l'Appel de Dieu, entreprend un vaste périple sur les mers. Dans mon roman, s'il n'y a pas de mystique mais seulement du fantastique, certains des événements vécus par ce disciple sont comparables à ceux que va connaître "le fils de mer". Et puis, je trouve que le nom de "Seaghan" a une résonance poétique extraordinaire !

Quel est le message de cet enfant mi-homme, mi-marin ?
Sa mission : donner à la mer le pouvoir de se défendre face à l'homme qui la pille, la pollue, la détruit. Un long combat va s'engager sur tous les océans pour contraindre les hommes à changer d'attitude, à respecter la faune et la flore marines, mais - et c'est là tout l'intérêt d'avoir fait un enfant - en épargnant les vies, en appelant au dialogue, en participant aux conférences mondiales sur le climat, etc. Seaghan est, d'abord, un messager. Un être qui, en revanche, va beaucoup souffrir. Ce n'est pas un héros de BD, de science-fiction.

Quel est votre rapport à la mer ?
Passionnel ! J'ai passé une grande partie de mon enfance à Dinard, sur la Côte d'Émeraude. Aujourd'hui, je vais très souvent sur l'île de Ré.

La mer continuera-t-elle de nourrir les hommes dans le futur ?
Les spécialistes nous disent que, si on ne prend pas des mesures immédiates, il n'y aura plus aucun poisson dans les océans d'ici 40 ans !

Pensez-vous que les océans pourront être aussi indulgents dans le futur avec les hommes qu’ils ne le sont actuellement ?
Vous mettez précisément le doigt sur la trame dramatique du livre !

Au niveau politique, on a l’impression que personne ne s’inquiète de l’état de la mer.
Pas seulement au niveau politique ! Quand on évoque la mer devant la plupart de nos concitoyens, ils rêvent vacances, baignades, navigation. Dans un deuxième temps, ils s'inquiètent de la montée des océans, de la pollution des eaux par les déchets de toutes sortes, les plastiques… Mais le problème est bien plus grave encore. Je dois dire que les jeunes en sont davantage conscients que leurs aînés. Ce sont eux d'ailleurs qui en majorité achètent mon roman.

Les pêcheurs sont-ils conscients que le poisson se raréfie ?
De plus en plus, heureusement. Mais la pêche industrielle continue à faire des ravages et, trop souvent, les quotas ou les réglementations ne sont pas respectés. Voyez le Japon, par exemple, avec la pêche des baleines ou des requins (pour leurs ailerons !).

Qu’attendez-vous de la réunion de décembre sur ‘’Paris-climat2015’’ ?
Depuis le désastre de la conférence de Copenhague, je suis sceptique quant à la volonté de l'ensemble des nations d'être… unies face au problème du réchauffement climatique. J'espère quand même que les problèmes de la mer ne seront pas occultés par d'autres préoccupations. Mon rêve ? Qu'un Seaghan - bien réel, totalement humain, celui-là - entre avec fracas dans cet aréopage et fasse entendre la voix de la mer !

Propos recueillis par Pascal HEBERT


Seaghan, de Patrick Béguier (Compagnie du livre - Geste éditions). 292 pages. 20 €.


Patrick Béguier en bref
Patrick Béguier a écrit plusieurs romans et essais ainsi que des pièces de théâtre.
Il a été directeur du Centre de Perfectionnement des Journalistes à Paris.
De 1994 à 2000, rédacteur en chef et éditorialiste de L’Echo républicain à Chartres
Il est aujourd'hui journaliste indépendant et conseiller éditorial du site Parisdepeches.fr
Seaghan est son quatrième roman


 







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