Paris : le musée Picasso s’enfonce dans la crise interne... et politique
Publié le Par Antoine Sauvêtre
Capture d'écran Dailymotion
Quelques jours après l’éviction de leur présidente par le ministère de la Culture, une quinzaine d’employés du musée Picasso vont remettre une lettre à Aurélie Fillipetti pour dénoncer ce départ forcé. Une lettre qui témoigne du climat délétère qui règne dans l’établissement.
C’est une visite sous haute tension que s’apprête à réaliser la ministre de la Culture au musée Picasso. En déplacement à l’Hôtel Salé du 3ème arrondissement à 16h, Aurélie Fillipetti va se voir remettre une lettre de la part de plusieurs agents de l’établissement. A l’intérieur, ils se disent « choqués par l’aberration de l’éviction » d’Anne Baldassari le 13 mai dernier suite à un rapport de l’inspection générale des affaires culturelles (Igas) décrivant un « climat de travail extrêmement dégradé » au sein de l’établissement.
Des travaux qui trainent
Cette lettre de soutien à l’ancienne présidente témoigne des divisions existantes au sein du personnel. « Jusqu’au dernier moment, nous, agents du musée, avons espéré que la crise qui agitait le musée depuis plusieurs mois se dénouerait de manière digne afin que la Présidente puisse ouvrir le musée dont elle porte le projet scientifique depuis 2005. C’est une des raisons pour lesquelles nous ne nous étions pas exprimés jusqu’alors », commencent les signataires parmi lesquels 6 apparaissent sous leur nom et 10 autres en anonymes. Anna Baldassari, à la tête du musée depuis huit ans et demi, dénonçait la décision du ministère de repousser la réouverture du bâtiment, en travaux depuis 5 ans, au mois de septembre. Elle était également soutenue par Claude Picasso, le fils du peintre. Sa destitution avait poussé Anne Sinclair, membre du conseil d’administration de l’établissement public, à démissionner.
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Division du personnel
Dans le document, les agents se désolidarisent du mouvement de fronde qui avait poussé l’IGAS à enquêter sur le climat de travail au sein du musée et évoquent leur « sentiment d’avoir été pris en otage ». Pour eux, « Anne Baldassari s’est toujours montrée un vrai serviteur de l’Etat. […] Sans vouloir minimiser le malaise de certains, nous souhaitons témoigner du fait qu’il est loin d’être imputable à la seule Présidente », indiquent les auteurs de la lettre, dont fait notamment partie le muséographe et la directrice de la conservation des œuvres.
En début d’année, 25 agents anonymes avaient envoyé une lettre à l’AFP pour critiquer leur présidente. Et cela « au mépris des consignes de silence sur la crise qui nous avaient été imposées par notre hiérarchie », précisent les employés qui sortent à leur tour du silence. Enfin, les signataires, qui veulent « apporter un témoignage contradictoire », réclament « la nomination d’un médiateur », annoncée par le ministère mais jamais actée, et évoque les agissements d’une partie du personnel qui « a toujours mené cette bronca dans le dos de l’autre ». Ambiance…
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