Une bonne expo pour découvrir le jazz
Publié le Par Paris Dépêches
© musée du quai Branly, photo Antoine Schneck
Vous adorez les ambiances jazzy qui fleurent bon les années 20... Au cinéma, vous vous plongez avec délectation dans ces atmosphères enfumées – style très « prohibition » - où se mélangent les rires et les solos de trompette... Jospéhine Baker ? Vous trépignez en attendant un éventuel et sûrement très probable biopic. Harlem ? Vous vous y voyez déjà, la tête haute, le costume trois pièces affûté... Mais seulement voilà, en fait, vous êtes totalement néophyte, vous n'y connaissez rien en jazz...
... Pas même un CD dans la tour du salon... Pour sauter le pas et devenir un peu moins ignare, courez vers le musée du quai Branly (7e). L'exposition Le siècle du jazz s'y tient jusqu'au 28 juin. L'attrait principal de l'événement : la ludo-pédagogie. On apprend, on découvre, on s'étonne sans jamais regretter son ticket. On explore cent ans de culture, de 1900 à nos jours, à travers le prisme du jazz, l'un « des plus étonnants phénomènes de métissage artistique de l'histoire » comme le dit un panneau.
Et ça marche... Pourquoi ? Parce que c'est varié, tous les arts sont représentés : on voit des extraits de films (ne pas manquer l'extrait du « Pompier des folies bergères » (1928) avec Joséphine Baker sur le quai du métro), on entend des enregistrements centenaires (Rosalie par Cole Porter en 1938), on touche des yeux des dessins de Picasso ou de Warhol (son Aretha Franklin date de 1986), de très beaux projets de pochettes de Charles Delaunay, des pochoirs de Matisse, des clichés new-yorkais (cette photo de groupe -voir ci-dessous- prise à Harlem en 1958 où on dévisage Count Basie, Coleman Hawkins et Dizzy Gillespie) ou de superbes crayonnés d'un certain Covarrubias. On croise des zazous, on a envie de rester avec eux... On apprend l'existence (moi, en tout cas) de Lena Horne, chanteuse (toujours en vie) très populaire dans les années Metro-Goldwyn-Mayer, on s'indigne en silence devant l'affiche d'une exposition nazie (1938), qui qualifie le jazz de « Entartete musik », « musique de dégénérés ». On reconnaît aussi plusieurs fois, Miles Davis, et on s'arrête.
Bref, ça foisonne d'intelligence. On y va tout de suite.
Sur cette photo : les plus grands jazzmen du XXe siècle (Count Basie, Coleman Hawkins, Dizzy Gillespie) sur des marches de Harlem.
© Courtesy Snap Galleries, UK et Art Kane Archive NYC
Sylvain Jedrezak
Commissaire de l'exposition : Daniel Soutif.
Le siècle du jazz. Jusqu'au 28 juin, galerie Jardin du Musée du quai Branly. 37, quai Branly – 75007.
Du mardi au dimanche à partir de 11h (nocturne les jeudis, vendredis et samedis : jusqu'à 21h).
Tél.: 01 56 61 70 00