Les Indiens Acoma fâchés par une vente à Paris
Publié le Par Fabrice Bluszez
EVE
La vente aux enchères, ce lundi 30 mai, d'objets sacrés indiens de la tribu Acoma a déclenché une vague d'indignation dans la presse américaine.
Au départ, c'est juste un catalogue superbe de fétiches indiens, sur l'intitulé "Art amérindien, art précolombien, Afrique et Océanie. Lundi 30 mai 2016 a 13h30. Drouot Richelieu - Salle 1." La vente a lieu à l'hôtel Drouot, par la maison E&VE, estimation et vente aux enchères, dirige par maître Alain Leroy... On en verra le site ici. Les photos sont magnifiques. Les œuvres aussi... Ci-contre, un fétiche Hopi (photo EVE).
Et puis, d'un autre côté, de l'autre côté de l'Atlantique, nous avons une série d'articles dans The Guardian, First American Art Magazine, Wahington Post... implorant la France de renoncer à cette vente aux enchères.
Pourquoi ? C'est le gouverneur Kurt Riley, de la nation des Indiens Pueblo Acoma qui l'explique : « Ces objets ne sont pas sortis légalement de la propriété des Indiens, ce qui rend la vente elle-même illégale ». Ce serait du recel d'objets volés, en somme. Les Indiens seraient blessés de voir leur patrimoine culturel vendu sur Internet ou aux enchères.
Il faut savoir que ces indiens Pueblo, vivant encore aujourd'hui au sud des Etats-Unis, notamment au Nouveau-Mexique , ont un art de la poterie très réputé et très recherché. On en saura plus sur le site du centre culturel de Sky City.
Cependant, les fétiches vendus à Paris sont des objets à valeur religieuse donc sacrés.
Il y a 500 objets différents en vente, venant des Acoma, Hopi et Zumi. En photo, un bouclier Acoma (photo EVE).
Le gouverneur Kurt Riley s'exprime ainsi :
« Notre culture spirituelle s'exprime de multiples façons, nous prions, et nous utilisons des objets absolument sacrés, parmi lesquels un bouclier de cérémonie Acoma, qui sera vendu au plus offrant à Paris...Comment ces objets ont quitté notre peuple nous l'ignorons. Mais leur existence, hors de nos terres, prouve qu'un évènement s'est produit, un évènement qui viole toutes les lois du peuple Acoma. »
Les maisons des Indiens Acoma, au Nouveau-Mexique (photos Sky City Cultural Art).
De son côté, la maison de vente aux enchères cite : The Hopi Tutuveni, journal de la tribu Hopi, en juillet 2014 :
« Even in the United States there is no U.S. law against sacred Native American art and artifacts being collected or sold by private owners. (en substance : Même aux Etats-Unis, il n'y a pas de loi contre la collection ou la vente d'objets d'art sacré des Amérindiens par des propriétaires privés) »
Ou encore le livre Soleil Hopi, édition Terre des Hommes, page 397 :
Dan Talayesva écrit, relatant la mort de son oncle, le chef Tawaquaptewa lui remis les masques de son oncle :« On a partagé ce qui restait de la propriété de mon oncle...moi j’ai reçu trois très anciens masques sacrés...»