Osiris, Mystères engloutis d'Egypte : l’exposition à l’Institut du Monde Arabe
Publié le Par Laurent Pradal
Laurent Pradal
L’exposition retraçant la découverte de la cité engloutie de Thônis-Heracleion continue son périple à Paris, à l’Institut du Monde Arabe, du 8 septembre 2015 au 31 janvier 2016. Retour sur l’histoire d’un dieu égyptien vénéré dans la cité antique, dans la baie d’Aboukir, et des découvertes autour de son culte.
Jusqu’à fin janvier, l’Institut du Monde Arabe prend des airs de plongée sous-marine le temps d’une exposition. Et cette expo, elle s’intitule Osiris, Mystères engloutis d’Egypte. Son but : exposer les travaux de Franck Goddio, président de l’IEASM, l’Institut Européen d’Archéologie Sous-Marine, qui a mis à jour plusieurs vestiges de la ville engloutie de Thônis-Heracleion, disparue depuis des siècles dans la baie d’Aboukir, près d’Alexandrie. « C’est le résultat de 20 ans de fouilles en Egypte en collaboration avec le ministère des Antiquités égyptiennes » explique le chercheur. Et de continuer : « C’est une mission qui travaille depuis 15 ans sur la ville de Thônis-Heracleion et depuis 18 ans sur celle de Canope », elle-même sous les eaux.
Au fil de ses découvertes, l’archéologue se rend compte que ses trouvailles attestent de l’omniprésence du culte d’Osiris dans la cité engloutie. Un dieu présent par les statues, amulettes, objets de décorations, monnaies et autres trésors retrouvés qui font du Maître du Silence, comme on le nomme également, la vedette de cette exposition. Une présentation des travaux de Franck Goddio qui met aussi en exergue la thèse, désormais prouvée, de l’égyptologue français Jean Yoyotte, qui tentait de démontrer que les deux cités de Thônis (égyptienne) et d’Heracleion (grecque) n’était en réalité qu’une seule et même ville. Une hypothèse désormais avérée grâce à la découverte du temple d’Heracleion en plein centre de la ville de Thônis, et expliquée lors de la visite.
Une collection immense et une mise en scène surprenante
L’Institut du Monde Arabe propose aux visiteurs une plongée au sens quasi propre du terme dans les eaux de la baie d’Aboukir. Au total, 250 pièces sélectionnées avec soin sont présentées dans les quatre salles que compte l’exposition, accompagnées d’une quarantaine d’œuvres provenant des musées archéologiques du Caire et d’Alexandrie. Des salles de différentes tailles qui permettent d’exposer de petits artéfacts comme de gigantesques statues, à l’image de celle du Dieu Hâpy, en granite, mesurant plus de 5 mètres de haut. L’immersion se fait au sens propre : mur et plafond haut, pénombre, légère lumière verdâtre et ondulante, on a l’impression d’être englouti, sous les eaux égyptiennes, et de visiter la ville antique sans pour autant qu’elle ait bougée de sous les eaux. Une mise en scène assez surprenante, plutôt bien vue et bien venue, et qui change des expositions d’œuvres archéologiques classiques.
Mis à part certains vigiles franchement désagréables et à la limite de l’irrespect (un cancer malheureusement en voie de développement depuis quelques temps dans les expositions culturelles parisiennes) et quelques défauts qui entachent l’appréciation du travail de Franck Goddio, comme par exemple le positionnement des numéros pour suivre avec l’audioguide, placés bien trop haut sur les murs et qui mécontent le visiteur qui doit faire un retour en arrière s’il en a manqué un (en général c’est plutôt 3 ou 4), l’exposition est un vrai régal pour les yeux, et les commentaires sont toujours bienvenues.
Les explications sont claires et on comprend assez rapidement le travail colossal de l’archéologue, qui vous accompagne au début et à la fin de l’expo en vidéo, mais également l’importance des découvertes pour la communauté archéologique. Une exposition qui lève également le voile sur Osiris et son culte, peu connu à ce jour. En revanche, la présentation des œuvres des musées du Caire et d’Alexandrie n’apporte pas grand-chose, voire même rallonge beaucoup trop la visite et lasse assez vite, les découvertes de Franck Goddio se suffisant à elle-même pour l’événement.
Les plus de l’expo :
L’ambiance un peu « Jules Verne » de Vingt mille lieues sous les mers qui donne à l’exposition un certain cachet, et qui montre la découverte des œuvres exposées un peu en l’état (bien que les pièces aient été restaurées intégralement), comme si on venait de les trouver sous l’eau. Les explications sont détaillées et précises. Le visiteur n’est pas perdu dans ses déambulations et dans le processus d’approche des travaux.
Pratique :
Prenez vos palmes, votre masque et votre tuba pour vous rendre à l’exposition Osiris, Mystères engloutis d’Egypte à l’Institut du Monde Arabe, 1 rue des Fossés Saint-Bernard, 75005 Paris, du 8 septembre2015 au 31 janvier 2016. Métro ligne 7 station « Sully-Morland » ou « Jussieu », ligne 10 station « Cardinal Lemoine ». Entrée : 15,50 euros tarifs plein, 12,50 euros tarif réduit. Réservation possible.