Salon du livre 2015 : viva o Brasil !
Publié le Par Un Contributeur
Laurent Pradal
Cette année, le Brésil était à l’honneur pour la 35ème édition du Salon du Livre à Paris (20-23 mars). Un pays au centre de l’attention littéraire, avec la venue de nombreux auteurs de tout horizon. Et des rencontres privilégiant la consolidation des liens avec la France dans l’exportation culturelle.
Comme un air de carnaval… C’est le constat que l’on a pu faire ce weekend au Salon du Livre de Paris. Et pour cause : cette année, le Brésil était à l’honneur lors de ce Salon prestigieux de la Porte de Versailles. Un pays qui n’est pas étranger à ce rendez-vous puisque le Brésil y était l’invité d’honneur pour la deuxième fois. Une position privilégiée pour montrer toute la richesse et la diversité de l’écriture brésilienne et de sa culture, et pour tenter de la diffuser à large échelle au pays de Voltaire et de Diderot.
C’est donc bien pour cela que le Brésil était présent au Salon du Livre : diffuser cette littérature et ses revendications. Béatrice Tanaka, auteure et illustratrice de contes, aux nombreuses cultures dont une brésilienne, va en effet dans ce sens : « A travers mes écrits, j’essaye de partager cette culture. Lise, mon éditrice, doit avoir environ 150 contes de prêt, avec des illustrations pour chacun », s’enthousiasme-t-elle. « L’écrivante », comme elle aime à s’appeler, recueille et illustre de nombreux contes brésiliens et autres dans différents ouvrages. Elle présentait lors de ce Salon plusieurs œuvres qu’elle a écrites et illustrées parmi lesquels Contes et Mythes des Indiens du Brésil, Contes Afro-brésiliens, ou encore La Légende de Chico Rei aux éditions Kanjil.
Ses revendications, Béatrice Tanaka les fait passer à travers la littérature pour la jeunesse. Un moyen de toucher plus facilement le lectorat. « Si par exemple dans des contes populaires je peux trouver des choses pour comprendre les liens qui nous unissent, les liens entre tout ce qui vit, si j’arrive à le faire passer de façon ludique et agréable, je vais le faire » précise-t-elle. Même chose pour sa fille, Noémi Kopp-Tanaka, bibliothécaire au lycée français de Chicago, auteure, traductrice et illustratrice : « l’intérêt de venir au Salon du Livre, argumente-t-elle, c’est de mettre en valeur certains travaux que je trouve exceptionnels, comme celui de Lygia Bojunga », romancière brésilienne de littérature d’enfance et de jeunesse. « Je pense que cette auteure devrait être beaucoup plus connue. Elle a reçu des prix littéraires extraordinaires mais elle est très peu connue en France. Venir au Salon du Livre, c’est vraiment essayer de mettre en valeur son œuvre ».
Le Salon du Livre : un moyen efficace de diffuser la culture brésilienne
Cette culture brésilienne s’installe progressivement à Paris. A commencer par Paulo Coelho, présent au Salon cette année, qui s’est fait connaître dans l’intelligentsia parisienne puis dans tout l’hexagone avec son roman philosophique, L’alchimiste, paru en France en 1994. Mais la littérature brésilienne peine tout de même à s’imposer en France, comme d’autres genres de la littérature étrangère, à l’image du manga japonais ou du best-seller américain comme par exemple 50 Nuances de Grey. D’où la présence de Béatrice Tanaka : « les auteurs brésiliens sont très peu connus ici. J’aimerais tout simplement qu’on les connaisse ».
La présence de l’auteure au Salon est une opportunité, tout comme pour les éditeurs brésiliens présents au stand où ils sont mis à l’honneur. Le Salon du Livre est un bon moyen de mettre en avant la littérature brésilienne et permet sa diffusion. Selon le Syndicat National de l’Edition (SNE), 12 œuvres, tout genre confondu, ont été traduites du portugais au français en 2013. Un chiffre qui a bondi à 31 recueils l’année suivante. Une augmentation conséquente et une aubaine pour Karine Pansa, directrice de la Chambre Brésilienne du Livre, même si les ventes de romans brésiliens peinent à décoller en France : « La présence de livres brésiliens en France est encore timide, mais elle devient plus importante chaque année. On identifie au Salon une grande possibilité de stimuler la présence de titres brésiliens » dans l’Hexagone.
Le Salon du Livre est donc une opportunité à laquelle les éditeurs tiennent beaucoup. Selon Karine Pansa, également membre du comité en charge de la participation du Brésil au Salon parisien, cette présence « nous permettra de contribuer au développement et à la diffusion de la littérature brésilienne à l’étranger, et donnera lieu à l’accroissement des ventes de titres comme des droits d’auteur en France, entraînant l’expansion du marché national de l’édition ». Des éditeurs qui se frottent les mains pendant le Salon, et un moyen, à plus large échelle d’entretenir des bonnes relations diplomatiques avec le Brésil.
Laurent Pradal