Télévision : « Paris », la série « chassé-croisé » signée Arte
Publié le Par Un Contributeur
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Hier soir, Arte diffusait l’une des séries les plus attendues de la rentrée. Paris, la série télévisée de Virginie Brac et Gilles Bannier, met en scène douze personnages atypiques et communs en même temps pendant 24 heures, et leur relation dans un Paris du quotidien.
« C’est l’histoire d’une syndicaliste, d’une journaliste, d’un chauffeur de bus et d’un transgenre… ». La phrase fait penser à un début de blague potache, mais il n’en est rien, bien au contraire. Paris, la série de Virginie Brac (Engrenages, Les Beaux Mecs) et de Gilles Bannier, dont les trois premiers épisodes étaient diffusés hier soir sur Arte, met en scène ces personnages hétéroclites (une quinzaine, dont douze principaux), leur vie et leur rencontre en plein cœur de Paris et ce durant 24 heures. Une série télévisée directement inspirée d’un documentaire allemand, 24h Berlin, mais avec une différence notoire : ce dernier, diffusé sur Arte du 5 au 6 septembre 2009, était retransmis sans interruption de 6h du matin jusqu’au lendemain, montrant ainsi en temps réel la vie quotidienne de différentes personnes et personnalités.
La série, contrairement à 24h Berlin, comporte six épisodes de 40 minutes montrant le quotidien d’une syndicaliste de la RATP, de son mari chauffeur de bus, de son fils transgenre, du procureur général de la République amant de ce dernier, de sa femme journaliste, du Premier ministre, son épouse et son fils adoptif, de ses deux conseillers, d’une femme de ménage enceinte (celle de la journaliste), de son compagnon, ex tolard et chômeur, d’un proxénète et d’un informateur de la police, entre autre. Des personnages de toutes catégories sociales qui se fondent dans un Paris du quotidien : celle qui manifeste dans les rues pour les retraites, qui va à Pôle Emploi, qui vit dans la misère tout comme dans la richesse.
Paris, un personnage à part entière
Mais un treizième personnage se distille au-dessus de tous, celui de la ville de Paris et de ses institutions : « Il y a un tas de lieux emblématiques dans Paris. La caractéristique de Paris, c’est que les gens travaillent dans des monuments. Des monuments dont tout le monde parlent », explique Virginie Brac. Une vision de la ville qui manipule tel un marionnettiste ses personnages à travers trois principaux lieux emblématiques de la Ville Lumière : le palais de Justice, l’Hôtel Matignon et les transports parisiens, rassemblés autour du siège social de la RATP.
Un autre personnage sort du lot dans les premiers épisodes diffusés hier, celui du transgenre, interprété par Sarah-Jane Sauvegrain. « Le fait qu’elle soit du troisième sexe fait d’elle une espèce d’ange. Elle représente une pureté qui traverse cette journée. Elle est sympa. C’est une artiste. C’est quelqu’un qui appartient aux deux sexes et en même temps, à aucun. Et qui, du coup, transcende la série », explique la scénariste. Un personnage haut en couleur qui apporte, avec son humour, beaucoup de légèreté aux premiers épisodes. Un être en totale opposition avec les autres, meurtris, affectés et bouleversés par les péripéties de ce début de journée.
Paris comme vous ne l’avez jamais vu à la télévision
Avec Paris, Arte devrait voir de belles soirées se profiler à l’horizon : malgré le fait que la série commence difficilement avec la présentation de tous ces Parisiens (ça prend un peu de temps) et l’intrigue qui met du temps à s’installer, la mayonnaise prend dès le premier épisode. La ville de Paris est criante de vérité, portée par des acteurs aux sensibilités diverses et qui se complètent à travers leur personnage atypique et commun en même temps, à travers leur rencontre, leurs interactions, leur lien indissociable les uns des autres sans pour autant que tous se croisent. Une interprétation juste qui reflète bien le quotidien du Parisien de tous les jours, qui crient, qui pleurent, qui râlent, qui sourient. La complexité de ces êtres, leur vie et leur rencontre dans cette trame tricotée avec brio créent toutes sortes de situations – allant de la surprise au quiproquo, en passant par l’ironie – qui stimulent l’intérêt du téléspectateur et qui ne lui laisse que le choix de suivre avec avidité la mini-série.
Avec Paris, on passe du rire aux larmes en un claquement de doigt, de l’envie au dégoût en une fraction de seconde. L’ascenseur émotionnel fonctionne, sans incommoder le téléspectateur, et donne une dimension plus profonde et plus réaliste à la série. A mettre entre toutes les mains.
Laurent Pradal, journaliste culturel
Paris, une mini-série de Gilles Bannier et Virginie Brac dont les trois premiers épisodes sont à revoir en replay sur le site http://www.arte.tv/. Diffusion des trois derniers épisodes de la série jeudi 23 janvier à 20h50 sur Arte.