France Société

Coup de gueule ! L'homme est un requin pour le requin

Publié le  Par Patrick Béguier

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Alkok - Flickr

Une jeune Deux-Sévrienne a été tuée par un requin à La Réunion. Un drame épouvantable qui ne doit pas nous faire oublier les responsabilités de l'homme prédateur et pollueur.

 
 
Après l'attaque mortelle dont a été victime la jeune touriste dans la baie de Saint-Paul - zone de baignade non-autorisée, faut-il préciser -, les autorités de l'île ont immédiatement annoncé leur intention de "pourchasser l'individu susceptible d'avoir réalisé cette attaque". Etrange vocabulaire de chasse à… l'homme. Que justice passe ! La condamnation se fera sans procès. Il vaut mieux, d'ailleurs : il n'est pas certain que "l'individu" soit le coupable !
On comprend fort bien la détresse d'une famille, l'émotion d'une population, les angoisses des baigneurs et surfeurs, les craintes exprimées pour le tourisme réunionnais. Mais il devient urgent de regarder les problèmes en face plutôt que de se rejouer le scénario des "Dents de la Mer".
 

Déchets

 
Un biologiste marin, Philippe Mespoulhé, a tenté de comprendre pourquoi les requins bouledogues rodent ainsi près de la côte Ouest de l'île (l'adolescente nageait à 5 mètres seulement de la plage !). Le développement des activités humaines est selon lui en grande partie responsable des comportements agressifs de ces sélaciens. En premier lieu, le déversement, en quantités de plus en plus importantes, de déchets organiques "permettant la création de chaînes alimentaires dont les squales forment le dernier maillon" et, qui plus est, "servis sur un plateau", ce qui permet une économie d'énergie dans la recherche de nourriture. Ensuite, la surexploitation des stocks de poissons par la pêche professionnelle, sans oublier les pêcheurs plaisanciers, qui aboutit à un appauvrissement du territoire où vivent normalement les grands animaux marins. "L'homme a tendance à oublier que les requins sont chez eux dans les océans et que c'est à nous de nous adapter à leur environnement et non le contraire", souligne le biologiste. Ajoutez à cela le relief particulier de l'île - avec ses nombreuses et profondes ravines où vont s'entasser les ordures -, les déchets organiques déversés dans la mer après les fortes pluies et les cyclones, et vous avez le scénario de tels drames.
 

Moustiques

 
Au-delà, il est révoltant de voir à quel point on accuse les requins de tous les maux alors qu'ils sont très souvent les martyrs de l'espèce humaine. On les diabolise alors que nous leur promettons l'enfer. L'enfer, notamment, de ces requins pêchés pour leurs ailerons et qu'on rejette à la mer, incapables de nager, tels des détritus. L'homme décidément prend la mer pour une poubelle. Et quant au danger que représentent pour nous ces squales, il est sans commune mesure avec celui que constituent les… moustiques.
Une dizaine de personnes meurent chaque année, en moyenne, à cause des requins. Dans le même temps, selon le WWF, nous en tuons près de 73 millions pour assouvir les demandes du marché et satisfaire les papilles gustatives des Asiatiques !  
 






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