Vallauris, Mougins : deux drames, une polémique
Publié le Par Fabrice Bluszez
Le décès de l'adjudant Eric Comyn à Mougins lors d'une refus d'obtempérer, lundi 26 août puis l'accident de Kamilya, entre la vie et la mort après avoir été heurtée par une moto, posent à nouveau le problème de l'homicide "involontaire" routier.
"La vie d'un homme, c'est peu de chose" chantait Maxime Le Forestier. La vie d'un gendarme ou d'une fillette non plus. Une génération semble considérer les blessés et morts sur sa route comme on considérait autrefois celle des moucherons écrasés sur le pare-brise d'un véhicule.
A Mougins (Alpes-Maritimes), le refus d'obtempérer d'un conducteur délinquant aboutit à la mort de l'adjudant Eric Comyn. Il était sur la trajectoire du fuyard. La vie d'un homme, c'est peu de chose. Qu'il soit en uniforme ne joue pas, au contraire. C'est ce qu'a crié, cri de douleur et de colère, son épouse, désormais veuve. Une femme de gendarme qui l'ouvre, devant les caméras pour lancer "La France a tué mon mari".... Du jamais vu.
"La France a tué mon mari": la femme du gendarme tué à Mougins s'exprime pic.twitter.com/J3utbwsgiC
— BFMTV (@BFMTV) August 28, 2024
A Vallauris (Alpes-Maritimes, aussi, à 7 km de Mougins), c'est un gars de 19 ans, sur une moto Yamaha de 600 cm3, qui remonte une file de voitures sur un boulevard du centre-ville, sur la roue arrière, rodéo ou fierté de maîtriser la bête. La vie d'un homme, c'est peu de chose et celle d'une fillette sur un passage piéton, c'est une mauvaise surprise. Il ne s'y attendait pas. Il n'avait pas pensé que son comportement puisse être dangereux. Elle ne s'y attendait pas non plus, Kamilya, 7 ans, désormais dans le coma, après de multiples fractures et un traumatisme crânien.
Aggraver les peines
A Mougins, le chauffard capverdien, 9 points sur son permis mais aussi dix mentions au casier judiciaire, est désormais en prison, en attente de jugement. Le motard imprudent de Vallauris, aussi... Et le problème est là. Aucun de ces deux individus n'avait conçu, en se levant le matin, qu'il allait tuer une personne ce jour-là. Ils auraient préféré que cela ne se produise pas. Ils le diront à l'audience. C'est à chaque fois un homicide involontaire (ou des blessures involontaires, si la victime ne meurt pas). D'où la polémique : pourquoi ces comportements, rodéo urbain, refus d'obtempérer ne sont-ils pas sanctionnés par des peines plus "dissuasives" ?
Un crime ?
Le souci est juridique et humain : si l'on veut aller plus loin, il faut que ce soit non plus un délit mais un crime. on enverrait donc le conducteur imprudent en cour d'assises. La procédure sera plus longue. Et les cours criminelles d'autant plus encombrées. Comme les prisons.