Mort de Morgan Keane, tué par un chasseur : verdict en janvier
Publié le Par Fabrice Bluszez
Le 2 décembre 2020, Morgan Keane, qui coupait du bois chez lui à Calvignac (Lot), était tué par la balle d'un chasseur, Julien Féral, 35 ans, qui participait à une battue. L'affaire a été jugée à Cahors ce jeudi, verdict le 12janvier.
Le directeur de la battue qui avait lieu ce jour-là a lui aussi été jugé. Laurent Lapergue, 51 ans, avait organisé cette chasse au nom de l'association locale, dite Saint-Hubert et de la société de chasse la Diane carjarcoise, précise ActuLot... Ce journal est d'ailleurs le seul à donner les noms des personnes mises en cause. Les deux sont jugées pour "homicide involontaire".
Le chasseur a ainsi raconté le moment tragique au tribunal selon 20Minutes...
« Je me poste. Je charge mon arme. Je vois d’abord une masse sombre à la lisière. Dans ma tête je me dis que c’est le sanglier que j’ai loupé. La masse remonte le sous-bois, je la mets en joue, puis je rabaisse mon arme. Je l’ai vu redescendre un peu et s’arrêter. Ce n’était pas plus haut que ça », mime-t-il en désignant le niveau de son genou. Avant d’ajouter ; « J’ai attendu, j’ai visé et j’ai tiré. Je n’ai pas bien identifié la cible, je suis d’accord avec vous. »
Des réquisitions plutôt légères
Que risquent-ils ? "Les deux prévenus encourent jusqu’à trois ans d’emprisonnement, 75.000 euros d’amende, l’interdiction de détenir une arme pendant cinq ans ou encore le retrait de permis de chasse à titre définitif", note le journal LaVoixduNord.
Le journal 20Minutes souligne : "Le procureur de la République de Cahors a requis 2 ans de prison, dont 6 mois ferme à l’encontre du tireur, et 18 mois, dont 1 an avec sursis contre le directeur de la battue, ainsi qu’une interdiction définitive de chasser." Le verdict sera prononcé le 12 janvier à Cahors.
Pierre Rigaux était sur place
Enfin, Pierre Rigaux, écrivain, naturaliste, engagé contre la chasse, a assisté au procès et a noté sur Facebook ses impressions...
"J’ai assisté aujourd’hui au procès des 2 chasseurs accusés d’être responsables du décès de Morgan Keane en décembre 2020 : le tireur et le directeur de la battue ce jour-là.
Le tireur a largement exprimé ses regrets et a reconnu son erreur tragique et inexcusable : avoir tiré sur « une masse noire » qu’il pensait être un sanglier.
"Le responsable de battue, lui, s’est défendu d’avoir commis la moindre faute. Les éléments longuement détaillés par le président du tribunal montrent au contraire qu’il a manqué à toutes ses responsabilités, tant la battue s’est déroulée ce jour-là sans respect des règles de sécurité et dans un désordre qui était pourtant selon lui banal, normal. L’avocat des proches de Morgan a suggéré que les responsabilités puissent être étendues à d’autres chasseurs ayant réalisé la battue, si ce n’est tous, étant donné les comportements dénués de toute notion de sécurité ce jour-là.
"À vrai dire, il m’a semblé que le désordre et les manquements aux règles de sécurité décrits ici se retrouvent plus ou moins dans n’importe quelle battue. Mais là, il y avait Morgan qui coupait du bois près de sa maison.
"Morgan est mort d’une balle qui lui a traversé le cœur et les poumons.
"Pardon pour les détails suivants appris au procès, qui sont très durs à lire ou à entendre : la durée de l’agonie de Morgan est estimée à une quinzaine de minutes. « Il s’est noyé dans son sang ».
"La Fédération départementale des chasseurs s’est portée partie civile, c’est-à-dire qu’elle s’est placée du côté des victimes, s’estimant lésée dans son image et « dans ses efforts pour la sécurité » par le « mauvais comportement » d’un mauvais chasseur. Stratégie classique de la brebis galeuse pour dédouaner le lobby de la chasse.
"Vous aussi, ce positionnement vous choque ? Anecdote : l’avocat de la Fédération des chasseurs s’est fait un petit plaisir ridicule et hors sujet dans sa plaidoirie en fustigeant « la préface scandaleuse du livre écrit par le collectif Un jour un chasseur », préface rédigée.. par moi-même. Profil bas, la fédé de chasse, c’est trop demander ?? Vous êtes là parce que votre loisir a tué un jeune homme et vous venez dire à la barre que vous êtes choqués par une préface ??
"À propos, il faut souligner le travail remarquable effectué depuis deux ans par ce collectif "Un jour un chasseur" fondé par des amies de Morgan. C’est en grande partie grâce à elles que ce drame a pris une telle ampleur médiatique et suscite le débat sur les dangers de la chasse."