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SuperLigue de foot : après l'envol, le crash !

Publié le  Par Jacques-Henri Digeon

Crédit image © dr


Trois jours après l'annonce de son lancement, la SuperLigue européenne de foot a, face aux protestations et manifestations, explosé en vol.

Ca ressemblerait un peu à la Coupe Davis historique désossée pour un nouveau format générateur de gros revenus qui ne passionne guère le monde du tennis. Ca pourrait aussi être comparé à l'affaire des droits télé de Mediapro, incapable d'honorer un contrat qu'on annonçait juteux et qui a mis les clubs français aux yeux plus gros que le ventre dans la panade.

Mais là, la riposte du monde du football dans son ensemble, des supporteurs aux joueurs en passant par les entraîneurs et présidents, a été tellement négative voire violente que Fiorentino Perez et Andrea Agnelli, les deux principaux instigateurs de la révolution se sont retrouvés complètement esseulés et... gros-jean comme devant.
Ainsi donc, la SuperLigue d'Europe appelée à remplacer la vieillotte et peu rentables à leurs yeux Ligue des Champions n'aura été qu'un feu de paille. Dès mardi soir, soit moins de deux jours après l'annonce, plusieurs des clubs engagés ont préféré se retirer.

Les Anglais d'Arsenal, Chelsea, Manchester (United et City), Liverpool et Tottenham ont fait savoir dès mardi soir qu'ils abandonnaient suivis plus tard par les Italiens du Milan AC. Puis ce fut au tour aujourd'hui de l'Inter Milan et de l'Atletico Madrid (avec des réserves) de quitter un navire qui prenait l'eau de toutes parts imités dans l'après-midi par la Juventus, pourtant à la base du progrès. La ''Vieille Dame'' de Turin voyait en outre ses actions en bourse s'effondrer. A l'heure où nous écrivons ces lignes, restaient Barcelone et, bien sûr, le Real Madrid, dont le président Fiorentino Perez était, avec son compère Agnelli de Turin, le leader de cette révolution. Il n'est d'ailleurs pas certain que le président madrilène n'y laisse pas quelques plumes de notoriété auprès du public et de la presse madrilène et espagnole.

Colère des supporteurs. Alors pourquoi ces abandons ? Tout simplement parce que les supporteurs anglais ont massivement protesté contre ce projet argumentant que le foot allait perdre son identité, que cette compétition n'était avant qu'une affaire de fric et que les propriétaires des clubs trahissaient l'éthique et les valeurs du jeu. Même son de cloche chez les anciens joueurs, les entraîneurs et présidents des équipes européennes et dans la presse . « Le sport n'est pas un sport quand la relation entre l'effort et la récompense n'existe pas », avait commenté Pep Guardiola l'entraîneur de Manchester City.

Le foot, un jeu malgré tout. Et de fait, en inventant un championnat fermé sans montée ni descente avec quelques invités pour faire le nombre, la SuperLigue ne pouvait offrir le moindre suspense et donc le moindre intérêt ni mérite sportif excepté d'être un spectacle. Mais le football, malgré ses excès et ses dérives, reste avant tout un jeu où le mérite est le meilleur gage de la passion qu'il suscite. Enfin, il est clair que la participation de tous ces grands clubs aurait contribué à affaiblir les championnats nationaux sans oublier l'éventualité d'une fuite des stars attirés par les sirènes financières...

Adieu donc les milliards américains de la banque Morgan ! L'envol de la SuperLigue s'est achevé dans un crash spectaculaire.