Championnats de France de natation (Chartres, 8-13 avril) - Le club des cinq
Publié le Par Un Contributeur
Près de 1200 nageurs se retrouvent cette semaine à Chartres aux France Elite. Et parmi eux, on suivra tout particulièrement les cinq locomotives de la natation française - par Jacques-Henri DIGEON
Depuis 2009, Chartres a une deuxième cathédrale ! L’Odyssée, l’un des plus grands complexes aquatiques d’Europe, avec ses deux bassins de 50 mètres mais également une fosse de plongée et une patinoire. Et depuis 2009, Chartres est devenu un rendez-vous incontournable de la natation française. Depuis cinq ans, l’Odyssée, a en effet accueilli plusieurs championnats de France et même un championnat d’Europe en petit bassin. En attendant peut-être un jour une manche de Coupe du monde (en 2015 ?).
A partir de ce mardi, Chartres franchira une nouvelle étape en accueillant les championnats de France Elite, en bassin de 50 mètres. Avec la participation des jeunes 13-18 ans, ce sont près de 1200 nageurs qui se retrouveront jusqu’à dimanche à Chartres. Mais si le public aura l’occasion d’assister à l’éclosion de futurs champions, c’est surtout vers les champions que les regards se tourneront pendant ces six jours.
Et ces champions, à l’exception de Frédéric Bousquet, blessé, seront tous là : la Niçoise Camille Muffat et son camarade de club Yannick Agnel, les Marseillais Camille Lacourt et Florent Manaudou et l’Amiénois Jérémy Stravius. Le club des cinq, quoi !
A n’en pas douter, Yannick Agnel et Camille Lacourt, exilés depuis quelques mois, seront les plus observés. Le premier, qui s’était révélé à Chartres en 2009 (il nageait sans combinaison !) lors des championnats de France en bassin de 25 mètres, se prépare désormais aux Etats-Unis. A Baltimore, il a intégré la structure de Bob Bowman, l’entraîneur qui a façonné Michael Phelps, le nageur le plus titré de l’histoire de la natation mondiale (22 médailles olympiques d’Athènes à Londres !). Accompagné du coach américain, Yannick Agnel se lancera un super défi à Chartes en tentant la passe de trois : 100, 200, 400 !
Camille Lacourt, lui est parti aux Antipodes. En Australie, il s’est installé à Melbourne où il s’est entraîné sous la houlette de Ian Pope, le formateur de Grant Hackett , double champion olympique du 1500 mètres et du sprinter Michael Klim. Il y a découvert de nouvelles méthodes d’entraînement, plus intensives que celles qu’il connaissait à Marseille.
On saura à Chartres s’ils ont fait le bon choix !
Les retrouvailles de Camille Lacourt avec Jérémy Stravius (ils ont été champions du monde ex-aequo en 2011 sur 100 dos) seront particulièrement suivies. Et cela même si l’Amiénois, actuellement en phase de « transformation » physique et technique (dixit son entraîneur) alterne le bon et le moins bon. Mais le bassin de Chartres lui avait particulièrement souri aux Europe 2012 avec pas moins de cinq titres. Il faut dire que le bonhomme est éclectique, spécialiste du dos mais aussi capable de briller en papillon et en crawl.
Avec une décevante 7e place sur 400 mètres aux Mondiaux de Barcelone et aucune médaille aux Europe en petit bassin, on ne peut pas dire que l’année 2013 ait été fructueuse pour Camille Muffat. Mais la Niçoise, qui a réduit ses doses d’entraînement après des années « au four et au moulin » et affirme être « restée la même » affectionne le bassin de Chartres. Elle y avait été sacré championne d’Europe du 400 mètres en petit bassin en 2012 avec à la clé un record du monde…
Et puis Florent Manaudou. Le champion olympique du 50 mètres sera lui aussi très regardé dans les épreuves de sprint. Forfait à l’Open de Méditerranée (grippe), puis blessé à l’épaule, le frère de Laure manque peut-être un peu de repères en compétition. Mais le champion olympique du 50 mètres a souvent bien réussi à Chartres avec deux victoires sur 100 4 nages (2009 et 2010 ) des médailles sur 50 brasse et papillon et un titre sur 50 m aux Europe de 2012. On ne voit pas ce qui pourrait l’empêcher de glaner encore quelques titres.
Mais plus que les médailles d’or et les podiums, ce rendez-vous servira de sélection aux championnats d’Europe de Berlin (18-24 août) et les performances seront primordiales. En clair, un titre pourrait ne pas être suffisant si le temps réalisé ne rentre pas dans les critères de sélection.
Ce ne sera donc pas forcément une formalité pour les ténors de la natation française. D’autant que s’ils ont souvent réussi dans la piscine chartraine c’était en 25 mètres. Et les repères ne sont pas forcément les mêmes dans un bassin de 50 mètres qu’ils vont découvrir.
Le président Francis Luyce attend en tous cas beaucoup de ses troupes car il ne cache pas que l’objectif de la natation française est de devenir la première nation européenne. Voilà qui promet !
Jacques-Henri DIGEON