TourExpress (2)/Celui qui n'aimait pas le peloton...
Publié le Par Jacques-Henri Digeon
Voilà une semaine que le Tour de France s'est élancé de Copenhague. Après trois premiers jours tranquilles, le rythme s'est accéléré. De Cort Nielsen à Tadej Pogacar, retour avec des mots et des chiffres...
Des mots...
« Eh bien Wout, comme tu peux le voir, je suis vraiment ravi de ma deuxième place... » Avec celui qui lève les bras trop tôt et qui se fait battre sur la ligne d'un quart de huitième de demie roue , il a y a aussi celui qui lève les bras croyant avoir gagné et ignorant qu'il y en avait un devant. Dans le catalogue des ratés de l'arrivée, Jasper Philipsen a inscrit son nom mardi à l'arrivée à Calais. En remportant le sprint du peloton, le coéquipier de Mathieu Van der Poel, a vite déchanté et... baissé les bras aussi vite qu'il les avait levés en signe de victoire. Probablement enfermé dans le peloton dans l'ascension de la côte de Blanc-Nez, il n'avait pas dû voir le coup de force de Wout Van Aert, pourtant bien visible en Jaune, lequel avait lâché tout le monde pour imposer en solitaire. D'où ce message amical et plein d'humour à l'adresse du Belge. Il est parfois bon de rire de soi-même...
« Soixante kilomètres tout seul, ce n'est pas évident. Heureusement que j'aime les pavés. Un gars qui ne les aime pas aurait mis le clignotant... ». Malchanceux depuis le départ de Copenhague, souffrant des séquelles d'une chute, Anthony Turgis s'accroche en queue de peloton où il continue de collectionner les pépins et la scoumoune. Dernier au classement général à près d'une heure du Maillot Jaune (jeudi soir), le coureur de Total Energies, 13e de Paris-Roubaix en 2021, n'en reste pas moins philosophe. En attendant des jours meilleurs...
« J'ai été déçu, mais je me suis dit que j'allais profiter de cette journée et que, si çe ne marchait pas, au moins j'aurais fait honneur à mon maillot. » Et pas n'importe quel maillot puisque c'est avec le Jaune sur le dos que Wout Van Aert s'est glissé dans une échappée avant de tenter en fin d'étape l'arrivée en solitaire à Longwy. Avalé par le peloton des favoris, il terminera à plus de sept minutes abandonnant son paletot jaune à Pogacar le vainqueur du jour. Il n'empêche, celui qui décidément sait tout faire sur un vélo et quelles qu'aient été son but et celui de son équipe, le Belge aura, quoi qu'il arrive, marqué de Tour de son talent multi-facettes...
… et des chiffres
534. Il aura marqué à sa manière la première semaine du Tour. Pour sa belle moustache blond-roux un tantinet british bien sûr mais surtout pour son omniprésence en tête de course. Dans sa dernière chevauchée, Cort Nielsen a couvert pas moins de 138 kilomètres en tête dans l'étape des pavés en compagnie de Van der Horn et Boasson-Hagen portant ainsi son total de baroudeur depuis le départ de Copenhague à 534 bornes. Au passage, on précisera qu'en franchissant successivement les onze première cotes du parcours, il aura effacé des tablettes le vieux record (64 ans) de... Federico Bahamontes qui avait avalé devant tout le monde huit sommets à la suite. Mais, bien sûr, les collines du Danois n'ont rien à voir avec les montagnes franchies par ''L'Aigle de Tolède''... Désormais, Nielsen, ''celui qui n'aimait pas le peloton'', est rentré dans le rang...
10, 2 et 8. Il y a dix ans, en 2012, c'est Christopher Froome qui inaugurait la Planche des Belles Filles en s'y imposant et construisant son succès final. Depuis Vincenzo Nibali (2014) Fabio Aru (2017) et Dylan Teuns (2019) ont dompté eux aussi cette terrible ascension devenu la Super Planche avec un final à plus de 20% sur un chemin de terre. Cela avant qu'en 2020, Tadej Pogacar n'y renverse le Tour à la veille de l'arrivée à Paris et entre dans l'histoire de la Grande Boucle. Le Slovène a récidivé ce vendredi en coiffant le Danois Vingegaard au terme d'un somptueux final et d'un effort d'une incroyable intensité. C'est sa deuxième victoire ici, sa deuxième également en deux jours après Longwy (jeudi) et son huitième succès d'étape depuis ses débuts sur le Tour. Qui pourra l'arrêter...
3.Si Tadej Pogacar affirme chaque jour un peu plus sa supériorité et son ambition d'un troisième sacre consécutif sur le Tour, il devra quand même compter avec Vingegaard, son dauphin de l'an dernier qui s'affirme chaque jour un peu plus comme le leader des Jumbo. Mais pas que... Car s'ils ne pèsent pas autant que leurs prédécesseurs de la Sky, les Ineos sont là en embuscade avec un trio de belle allure dans le top 10: Gerraint Thomas 3e à 1'10'', Adam Yates 4e à 1'18''et Tom Pidcock 7e à 1'35''. Méfiance, méfiance. D'autant qu'ils pourraient trouver un David Gaudu, 5e à 1'31'' ou un Romain Bardet, 6e à 1'52''. Affaire à suivre...
(Sources : L'Equipe, Le Parisien/Aujourd'hui, site officiel du Tour, sites internet)