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Le monde doit changer : les sportifs veulent y croire

Publié le  Par Jacques-Henri Digeon

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Privés de compétition, les sportifs français vivent le confinement avec sérénité. Et plus que sur la reprise des compétitions, ils s’interrogent sur l’avenir du monde et notre mode de vie.

« On se rend compte de la fragilité des choses. C’est incroyable comme un virus peut tout bouleverser. On prend du recul. Ca fait réfléchir sur l’avenir. » On va mettre du temps pour retrouver une vie normale. » Ce constat de Maxime Le Marchand, "anonyme" footballeur français du club anglais de Fulham est le reflet de ce que pensent de nombreux sportifs.

Leur passion est devenue un métier, ils jouent, où ont évolué, au plus haut niveau, parfois même les meilleurs de leur discipline, champions du monde, ils sont l’élite du sport. Privés de compétition, contraints de s’entretenir à minima, vivant des situations inédites comme partout dans le pays, ils avouent que le sport leur manque. Mais en cette période troublée et irrationnelle, ces habitués des grands espaces, de l’effort, de la ‘’gagne’’, des frissons et de l’adrénaline, étoiles du sport ou "anonyme", tous avouent que le sport n’est actuellement pas une (leur) priorité et se gardent bien de polémiquer sur les sujets sensibles (reprise, calendriers, salaires…) qui agitent la sphère sportive et ses instances. Ils sont privilégiés et le disent mais surtout, ils s’interrogent sur l’avenir. Et tous ceux dont nous avons pioché les témoignages veulent, malgré les doutes de certains, croire à une autre vie, à un nouveau monde, à celui de l’Après.

Ils croient au changement…

Tony Estanguet, triple champion olympique de canoë, président de Paris 2024 : « Je crois que la société sera marquée dans son ensemble par ce que l’on vit là collectivement. On sera tous différent et on aura envie d’agir différemment. »

Christian Karembeu, ex-international, champion du monde 98, ambassadeur de l’opération "WhiteCard" pour la promotion de la paix dans le monde : « Une vie s’est arrêtée pour tout le monde. Après, il y aura une nouvelle vie. Personne n’était préparé à ça. On ne peut plus se tromper. Nous avons tellement joué avec la nature qu’aujourd’hui la priorité est de protéger la planète. »

Nikola Karabatic, international de handball, double champion olympique et quadruple champion du monde : « Moi, je vivrai peut-être dans un environnement sain jusqu’à la fin de mes jours mais pas nos enfants si on ne fait rien. Car on aura alors détruit une bonne partie de la planète, qui en retour détruira l’humanité. Notre mode de vie doit changer, notre façon de nous habiller, de nous nourrir, tout doit changer. »

Arnaud Demare, cycliste de l’équipe Groupama-FDJ, vainqueur de Milan-San Remo 2016 : «  Ce virus va changer beaucoup de choses pour notre génération et celle qui suit : nos habitudes alimentaires (il n’a pas mangé de viande pendant deux semaines, ndlr) mais aussi de déplacement, le respect des règles d’hygiène. »

Warren Barguil, coureur de l’équipe Arkéa-Samsic,  champion de France cycliste en titre: « Il faut prendre son mal en patience et prendre conscience qu'il va falloir désormais changer nos habitudes. Ce virus nous rappelle que tout le monde est vulnérable. Ça peut prendre du temps, mais on ne peut pas faire autrement que de laisser passer la tempête. » 

Ils doutent un peu…

Bixente Lizarazu,  ex-international, champion du monde 98 , consultant télévision et presse écrite : « J'aimerais dire qu'on va en sortir différents. Moins boulimique, plus solidaire. Mais je n'en suis pas certain. J'aimerais qu'on décide de réduire la voilure, qu'on revienne à des choses plus humaines, artisanales, locales mais on a tous une capacité d'oubli extraordinairement rapide. Trois mois après le déconfinement, aurons-nous vraiment changé ? J'aimerais le dire… »

Malgré les doutes de Lizarazu, ils sont unanimes et veulent tous y croire, écrivions-nous, plus haut. Il nous a pourtant semblé intéressant de rapporter un extrait de la rencontre du Parisien avec Robert Marchand, le cycliste "champion du monde" des hyper-vétérans du sport et recordman dans sa catégorie de l’heure sur piste. A 108 ans, il a connu deux guerres, les grandes épidémies (grippe espagnole notamment) et jette un regard dubitatif (lucide ?) et sans filtre sur le monde : « J’ai entendu le président dire que, face à cette épidémie, nous sommes en guerre. La guerre, ce n’est pas ça (…) et croyez-moi je sais de quoi je parle. La guerre c’est une volonté des hommes. Elle (cette pandémie, ndlr) ne fera pas tout changer. Vous savez la France reste le troisième fabricant d’armes dans le monde. Elle le sera toujours lorsqu’on on aura éradiqué le virus. Les hommes penseront toujours à l’argent. Ca ne changera jamais. »

Puisse-t-il se tromper…

LA PHRASE…

« Dans le foot, comme dans de nombreux autres secteurs, on vivait dans une bulle, un monde d’égoïsme, loin des réalités. J’espère qu’on sortira de tout çà plus concernés, plus solidaires, orientés vers le partage et avec d’autres valeurs… » Président du Dijon FCO, club de Ligue 1, Olivier Delcourt avoue que pour lui rien ne sera plus comme avant et qu’ « au moment d’aller voir un match (…) on aura tous une appréhension, moi le premier » et qu’il « faudra sans doute du temps avant que ça ne passe. »
(Sources : L’équipe, Le Parisien/Aujourd’hui, presse régionale, internet)