Tennis : éternels refrains
Publié le Par Jacques-Henri Digeon
Alors que Roland-Garros s’est reconstruit, les années et les tournois se suivent pour le tennis français qui continue de s'écrouler…
Les commentateurs télé et radio ont eu beau (essayé d’) y croire (« Avec lui, tout est possible », (« Allez Djo », « Allez Lucas »), la presse écrite a eu beau (essayer de) chercher des raisons d’espérer « L’heure de la révolte », L’Equipe 3 juin), rien n’y a fait. Les deux derniers français (Benoît Paire et Gaël Monfils) n’ont pas passé le cap des huitièmes de finale. Avec comme d’hab’, l’inévitable refrain du Français rattrapé par la peur de gagner (Paire menait pourtant 5-3 dans la 5e manche) ou dépassé par l’enjeu (non-match de Monfils balayé par un Thiem qui ne demandait pas tant de fautes directes…). Parenthèse : pour ce dernier, seul Mats Wilander, consultant de L’Equipe avait vu juste en écrivant (3 juin) qu’il n’avait « aucune chance qu’il y parvienne s’il joue contre Thiem de manière trop passive. Il va courir, courir, courir et sera à court d’énergie (…) C’est plus une question d’état d’esprit que de technique. » Et nous d’ajouter qu’il n’a même pas couru presque résigné d’entrée, paralysé, traînant sa grande carcasse comme une âme en peine.
Alors oui, à l’heure où Roland-Garros vient de se refaire une beauté, le tennis français doit repartir de zéro et se reconstruire. Tsonga a beau dire qu’il n’a plus que « de petits détails à régler » (pour quoi ? pour gagner un grand tournoi, pfff !), Gasquet a beau se rassurer en se félicitant de n’avoir pas eu de douleurs après sa défaite, Lucas Pouille a beau répéter qu’il a tiré des enseignements de sa défaite, qu’il faut passer à autre chose sans parler de son explication vaseuse après sa défaite contre Klizan*, Monfils a beau reconnaître que Thiem « était vraiment le plus fort » (merci Gaël, on a vu…), le tennis français n’est pas prêt de trouver un successeur aux Noah, Forget et autres Santoro. Même chose d’ailleurs chez les femmes où Caroline Garcia et Kristina Mladenovic ne semblent pas prêtes à remplacer Mary Pierce, Amélie Mauresmo ou Marion Bartoli au palmarès d’un Grand Chelem.
Alors oui, il semble qu’une petite lumière pointe à l’horizon. Les jeunes bleus ont montré de réelles qualités : Corentin Moutet et Antoine Hoang (vainqueur de Verdasco !) ont atteint les 1/16e de finale, Grégoire Barrère et Elliot Benchetrit ont été combattants et ont l’avenir devant eux, mais jusqu’où ou jusqu’à quand… En attendant leur éventuelle éclosion au plus haut niveau, il faudra donc que le tennis français se contente de miettes avant de pouvoir un jour, une année, une décennie, rentrer sur les courts des grands…
Et pour le moment, on va se consoler en regardant le duel helvétique Federer-Wawrinka. Heureux Suisses !
* Pour justifier sa défaite, Lucas Pouille s’en est pris à l’arbitre, responsable selon lui de son échec quand il n’avait pas décidé d’arrêter le match alors que l’intensité lumineuse baissait. Ce qui a fait dire à Justine Hénin que c’était bien ‘’français’’ d’exposer de tels arguments: plutôt que de tenter d’analyser son match. Et toc…