SportHebdo : à vous de juger
Publié le Par Jacques-Henri Digeon
Une triste fin de carrière, un trop franc parler, un tennisman rajeuni, des voiliers partout sur les océans et toujours les bons mots… L’actualité sportive commentée au-delà du simple résultat.
Triste fin. Oui, son geste est inadmissible. Oui, il aurait dû se maîtriser. Oui son coup de pied n’est pas digne d’un sportif de sa renommée. Oui, il a fait les beaux jours de Monaco, Manchester U. et de la Juventus. Oui, il a été un équipier exemplaire. Oui, il a été aussi un meneur de la honte en Afrique du Sud. Oui, il était au crépuscule de sa carrière. Oui, il aime la provocation. Oui, il a parfois dérapé sur les réseaux sociaux. Oui l’OM va le virer et l’UEFA va le sanctionner. Oui, c’est une triste fin de carrière pour Patrice Evra. Et pourtant, il faudra oser le comprendre, le défendre, l’excuser, le pardonner. Parce que malgré son aura et son statut et son obligation à l’exemplarité, il n’en est pas moins un homme avec ses forces et ses contradictions. Et qu’en plus de perdre son football, il a dû essuyer quolibets et injures et s’est retrouvé face à une bande d’énergumènes qui, plutôt que de le soutenir l’ont enfoncé dans sa détresse de ‘’has been’’. Oui, Patrice Evra a été cloué au pilori médiatique et à la vindicte populaire. Mais au tribunal, il ne faudra pas oublier de juger ses agresseurs à petite cervelle qui se servent de leur parcage comme défouloir, ceux qui vocifèrent à longueur de matches, ceux qui, torse nu, affichent leur virilité refoulée, ceux qui tendent le bras comme dans les années de l’horreur, ceux que les présidents de clubs redoutent et chouchoutent, ceux qu’on n’ose interdire, ceux, qui ont enfoncé une barrière pour glorifier un but, ceux qui en ont franchi une autre pour faire craquer un joueur de foot qui avait raté un tir à l’échauffement, ceux, ceux, ceux… Le kung-fu de Patrice Evra est inexcusable mais on peut le comprendre. En revanche, la provocation du Lyonnais Fekir vers le ‘’kop’’ stéphanois après son but lors du derby de dimanche n’a fait qu’attiser le feu qui couvait et qui couvera toujours et ne mérite aucune indulgence. Car à la différence de celui d’Evra, son geste, très bête ; a été sinon prémédité du moins assumé par son auteur. A vous de juger...
Franc parler. Le rugby français navigue plutôt en eaux troubles. A commencer par son patron Bernard Laporte qui, déjà englué dans une affaire de favoritisme à l’égard du club de Montpellier et de son président Mohamed Altrad, ne s’est pas fait des amis sur le plan international. Et pour cause. Il a critiqué sans beaucoup de retenue la préférence de World Rugby pour le dossier de l’Afrique du Sud en vue du Mondial 2023. « De la négligence. De l’amateurisme. Ca donne l’impression d’avait été fait à la va-vite », a-t-il lâché estimant que le dossier français était meilleur et rajoutant que « le processus était dévoyé et vicié et destiné à nous emmerder. » Un franc-parler qui ne servira peut-être pas les intérêts de la France de l’ovalie. Si d’aventure, Laporte était coincé dans l’affaire Altrad, que la France se faisait doubler pour le Mondial 2023 et que la campagne automnale se révélait ‘négative, le rugby français aurait du souci à se faire…
Places à prendre. Toujours jeune : 36 ans c’est l’âge de l’inusable Federer. Mais pour un Français, ça fait déjà un peu vétéran. N’empêche que le « « vieux » a redonné un coup de jeune au tennis français bien mal en point : Julien Benneteau, demi-finaliste à Bercy, a fait oublier Monfils aux abonnés absents, Tsonga, sorti d’entrée, Gasquet un peu plus tard et Pouille toujours un peu trop tendre tendre ; en en prime il a battu Goffin ! Ca vaut peut-être une place pour la Coupe Davis… Sauvé : grâce au succès sur Metz (dernier du classement), Lille toujours avant-dernier, se requinque et Bielsa sauve sa tête mais il faudra confirmer. En revanche, malgré la bonne série de quatre victoire consécutives du Stade Rennais, son président René Ruello n’a pas résisté (viré ou démissionné ?) à la pression de la famille Pinaut et a été remplacé par l’opportuniste Olivier Létang, ex-du Paris SG, qui a sauté sur l’occasion ; reste à savoir si le courant passera avec l’entraîneur Christian Gourcuff…
Trafic. Grand trafic automnal sur les océans où on va se doubler et se croiser! 37 bateaux, des petits, des moyens, des grands et des Ultimes, ont hissé les voiles dimanche du Havre vers Salvador de Bahia pour la Transat en double Jacques-Vabre. François Gabart, le beau blond du Vendée Globe 2013, s’est lui élancé à la conquête du tour du monde en solo et devra arriver avant le 23 décembre à 13h09 pour battre le record de Thomas Coville. Il est bien parti puisque après un record de vitesse à 46 nœuds, il est en avance de 200 milles (320 kilomètres) sur son prédécesseur. Quant au Breton Yves Le Blévec, il est également parti pour un tour du monde mais plus original puisque… à l’envers, dans le sens est-ouest, en passant d’abord le Horn avant le Bonne Espérance au retour. Enfin, au large du Portugal, les bateaux du Volvo Ocean Race, tour du monde en équipage en onze étapes, ont levé l’ancre pour l’Afrique du Sud. Le grand embouteillage mais sans pollution…
A part ça. Révolution dans l’athlétisme : les performances qu’il fallait réaliser pour se qualifier aux Mondiaux et aux Jeux seront remplacés par un classement des athlètes basés sur les performances et les places comme cela se fait dans le tennis avec l’ATP ; ou la fin des vieux minima… A part ça, après les ‘’Clasico’’ (PSG-OM), les ‘’Olympico (Lyon-OM), voilà le ‘’Mythic Derby’’ entre Lyon et Saint-Etienne : quelle imagination… A part ça, Corentin Moutet a, pour ses débuts professionnels, remporté le tournoi de Brest, ce qui le propulse à la 160e place mondiale à 18 ans et demi comme un certain Gaël Monfils qui s’était installé au même âge à la 148e place mondiale ; pourvu seulement que sa tête suive… A part ça, le harcèlement ‘’touche’’ même le monde du sport : le bateau soutenu par le sultanat d’Oman n’est pas parti, Fahal Al-Hasni, l’un des deux duettistes ayant été mis placé en garde à vue et écroué pour une agression sexuelle dans un hôtel du Havre ; hé mec, la transat en double c’est pas le Vendée Globe…
Ils ont dit. « On a quand même plus de chance de rester en Ligue 1 que de gagner à l’Euromillions », de Frédéric Hantz, le nouvel entraîneur du FC Metz, dernier du classement ; encore faut-il y jouer… « Je peux jouer le simple, le double, même porter les serviettes », de Richard Gasquet à propos de la Coupe Davis ; motivé notre Richard… « Je parle à Dieu, je suis fils de Dieu. Bien sûr, j’écoute l’entraîneur, mon agent (…) mais ce qui compte vraiment c’est ce que Dieu attend de moi », de Memphis Depay, attaquant de l’Olympique Lyonnais ; discours rare en foot… « Sur cette action, j’ai trouvé qu’il chambrait un peu. C’est un jeune joueur. Je lui ai dit qu’il n’avait pas besoin de ça », de Gilles Sunu, attaquant d’Angers ; MBappé aurait-il pris a grosse tête… « Je pense que c’est le pire cauchemar pour les terroristes », de Bill de Blasion, l’organisateur du marathon de New-York qui a maintenu son épreuve quelques jours après l’attentat à la voiture bélier sur une piste cyclable de New-York ; continuer à vivre malgré la menace…
(Sources : L’Equipe, Aujourd’hui, Internet).