SportHebdo : ‘’drôle’’ de semaine
Publié le Par Jacques-Henri Digeon
Un peu partout sur le grand terrain du sport, les hommages se sont multipliés après les attentats du 13 novembre. Mais l’actualité sportive, marquée par la disparition d’un de ses plus extraordinaires chevaliers, a repris son cours. Avec ses bons moments et ses tourments… ‘’Drôle’’ de semaine !
Légende. C‘était un monstre, Hulk et Superman réunis, un Hercule ou un Titan… Avec ses presque 120 kilos, son presque double mètre, ses moins de dix secondes au 100 mètres, Jonah Lomu écrasait tout sur son passage. Demandez aux Français (et aux autres) qui s’y mirent parfois à cinq pour stopper (et encore !) l’inarrêtable. Il n’avait même pas besoin de plonger dans l’en-but tant il écartait ses adversaires de raffuts destructeurs et de chevauchées fantastiques. Il a lancé le rugby dans une nouvelle dimension, celle de la puissance, et dans l’ère du professionnalisme. C’était un monstre, mais un gentil monstre, le cœur sur la main, à l’écoute des autres. « Je t’aime, sois fort », avait-il dit au demi de mélée Sud Africain Van der Westhuizen, atteint de la maladie de Charcot. « Sois fort Paris. Vous êtes tous dans nos cœurs (…) Ofa otu (On vous aime beaucoup) » a t-il adressé aux Français au lendemain des attentats de Paris. Ses adversaires ne le plaquaient pas, la maladie l’a fait. Depuis mercredi, il est désormais l’un des plus grands dans la légende du sport.
‘’Drôle…’’… de semaine sportive avec ses hommages et ces sportifs qui n’avaient pas toujours le cœur à ça et une actualité qui reprenait sa place parce qu’il le fallait bien…. Le Angleterre-France ne marquera pas la mémoire des palmarès et on oubliera le 2-0 pour ne se souvenir du recueillement et de la dignité de Wembley et de nos meilleurs ennemis sportifs devenus nos chers amis anglais. ‘’Drôle’’ de semaine encore pour la Belgique, qui déjà ‘’montrée du doigt’’ pour héberger des réseaux terroristes, a dû annuler la rencontre contre l’Espagne à Bruxelles et qui s’interroge sur l’organisation de la finale de Coupe Davis à Gand. ‘’Drôle’’ de semaine enfin à Saint-Etienne où les joueurs marseillais au coup d’envoi ont déployé une banderole, « Nous somme Paris », signée des Ultras de l’OM .
Honneur. Parce qu’ils craignaient les sifflets, les dirigeants du Sporting n’avaient pas inscrit la Marseillaise sur le programme du derby corse Bastia-Gazelec. Le stade de Furiani aurait été le seul de France où n’aurait pas résonné l’hymne national. Pour honorer les victimes des attentats, ils avaient choisi de diffuser le Salve Regina, chant sacré et hymne patriotique, depuis la séparation de l’île avec Gênes. Heureusement, la tempête soufflant sur le Nord de l’Ile de Beauté et les rafales à près de 200 km/h ont contraint au report du match et remis les Corses sur le chemin de l’honneur auquel ils sont si attachés. Et la Marseillaise a résonné suivi d’un respectueux et insulaire silence de près de cinq minutes avant que les gradins n’entonnent un puissant et frissonnant Diu Vi Salve Regina. Emouvant !
Caprices. Un jour, c’est oui, le lendemain, c’est non ! Florent Manaudou, qui n’est définitivement plus le petit frère de Laure, n’en finit plus de souffler le chaud et le froid sur une éventuelle participation au 100 mètres des prochains Jeux. Dernier épisode, à Angers, aux championnats de France où il n’a pas pris le départ de sa série du 100 libre. Et ce n’est pas la première fois qu’il renonce au dernier moment. Il n’avait pas « forcément » envie, le sport n’est pas une obligation s’est-il expliqué avant de lancer aux journalistes qu’il n’avait envie (encore !) de les voir et de préciser « Mon métier, c’est de nager ». Donc, si c’est son job… Avec son nouveau look et sa fine moustache à la Clark Gable, le leader de la natation française ferait bien de raccrocher ses petits caprices de star au vestiaire.
Déplacé. Dans une semaine marquée par les hommages aux victimes des attentats du 13 novembre pendant laquelle on a parlé d’union nationale et d’union sacrée, de respect, de fraternité, Jean-Michel Aulas s’est distingué. Mais pas dans le bon sens. Lors du match de Ligue des championnes où les Lyonnaises ont marqué un de leurs (six) buts sur penalty, le président lyonnais s’est senti obligé d’envoyer une pique à son collègue marseillais qui, en septembre, avait pleurniché sur ces équipes bénéficiant, selon lui, plus souvent que d’autres de penalties, comme Lyon… Et Aulas de tweeter à la fin du match : « Pourvu que Vincent L. ne conteste pas ». Ca se voulait drôle, ça ne l’était pas ! Et ce n’était surtout pas le moment. Il faisait moins le fier vendredi soir après le 3-0 encaissé à Nice.
Ils ont dit. « Je dois remercier mes parents de m’avoir fait venir au monde. Je voudrais aussi remercier mon coiffeur, mon styliste, et… Photoshop », de David Beckham, l’homme le plus sexy de l’année selon le magazine People. « Je ne suis pas mécontent de te voir partir à la retraite (…) Soyons honnête, tu est ennuyeux », du boxeur Oscar De La Hoya à propos de Floyd Mayweather. « Ils ont grandi avec la culture du dopage, c’est normal pour eux », de Günter Younger, membre de l’Agence mondiale antidopage, en parlant des entraîneurs russes. « Bientôt, je parlerai », de Mathieu Valbuena, après son vendredi à rallonge avec une convocation le matin à Versailles et un match le soir avec Lyon à Nice. « De manière générale, cette saison était proche de la perfection », de Novak Djokovic, vainqueur de Federer en finale du Masters, son quatrième de rang.