PSG : bilan d’une saison historique (4/5)
Publié le Par Raphaël Didio
Paris Dépêches continue son bilan de la saison du Paris Saint-Germain. Aujourd’hui, c’est la saison de Laurent Blanc qui est à l’honneur.
On avait des doutes lorsque Laurent Blanc est arrivé à la tête du PSG. Beaucoup, même. Pourtant, il a suffi d’une dizaine de matches pour que ceux-ci s’immiscent. Laurent Blanc devenait surprenant, sorte de nouveau garant du beau jeu à la française, un futur très grand. Les compliments ne manquaient pas quant à son nouveau PSG, qu’il n’a cessé d’appeler « Le Paris Saint-Germain » une grande partie de la saison, lors des commentaires d’après-match, comme s’il souhaitait mettre une distance entre lui et l’institution PSG. Le « On » ne viendra que beaucoup plus tard, lorsque les garantis se feront. Prudent, le Président. Mais voilà, si l’équipe parisienne écrase tout sur son passage, enchaînant les perfs à 3 ou 4-0 et culminant à plus de 60 % de possession de balle, elle perd soudainement ses moyens quand viennent les oppositions un peu plus tenaces.
Face au top 5, Paris ne l’aura emporté que trois fois (Lyon, Saint-Etienne et Lille), concédé quatre nuls (Monaco par deux fois, Lille et Saint-Etienne) et concède une défaite (Lyon). En Ligue des Champions, le tirage clément a masqué les grandes faiblesses de ce PSG version Laurent Blanc. Quand vient les quarts de finale et la première véritable opposition, Chelsea met le Blues à toute l’équipe, aux dirigeants, aux supporters, même les médias. Dégoûtés, il fallait alors pointer un responsable et seule une personne semblait responsable de cet échec : Laurent Blanc. Cruel, d’autant que cela ne s’est pas joué à grand-chose : une occasion réussie d’Edinson Cavani, par exemple, aurait suffi…
Reste que Laurent Blanc a eu sa part de responsabilité dans cet échec. Comment a-t-il mobilisé ces troupes pour aborder ce match ? Lors des deux rencontres, les joueurs parisiens ont semblé perdre leur moyen, leur jeu de possession étant annihilé devant la rugosité des joueurs de Chelsea. Ce qui est d’autant plus cruel, c’est qu’on retient, finalement, de cette saison, cette seule et unique opposition contre Chelsea, ce match retour qui a mis une cinglante gifle à l’adage « Rêvons plus grand » des propriétaires du club. Le système de Laurent Blanc a été remis en question, car incapable de le faire évoluer autrement, notamment en l’absence de Zlatan Ibrahimovic, qui aimante toujours le ballon lors des phases offensives. Mais Laurent Blanc aura fait un peu plus que ça.
D’une, il aura su faire pratiquement oublier le Mister, Carlo Ancelotti, parti au Real Madrid. En trouvant rapidement une identité de jeu basée sur la possession du ballon avec son milieu à trois, calquée sur le Barça de Pep Guardiola, il a su donné goût au jeu à toute l’équipe parisienne qui a rapidement embrassé cette philosophie. Tout le monde semblait ravi de cette situation, à l’exception peut-être de Cavani, cantonné à un rôle ingrat d’ailier droit, lui, la pointe, le buteur… Mais l’important pour Laurent Blanc est bien d’avoir su gérer les égos de chacun. Le turn-over a été plutôt réussi. On pense à Marquinhos, Digne, Jallet, Pastore, Lucas et même le jeune Adrien Rabiot, qui a régulièrement joué, malgré des pépins physiques et l’arrivée de Yohan Cabaye.
Laurent Blanc a su gérer les petits rendez-vous qui permettent de ne pas laisser le doute s’immiscer. La force d’un grand champion, c’est aussi d’écraser les petits. Il aurait suffi de trois nuls ou trois défaites supplémentaires pour voir Monaco passer devant. Pas sûr que Nasser Al-Khelaïfi aurait apprécié… C’était d’ailleurs ce qu’il avait reproché à Carlo Ancelotti la saison dernière en marge de la défaite à Reims. Ce qu’avait également sous-entendu Leonardo, alors directeur sportif, en marge du même match qualifiant Paris d’équipe bâtie pour l’Europe. Non, Laurent Blanc a su mobiliser ses joueurs pour toutes les compétitions. 89 points pris, un record en France, une coupe de la Ligue, sans oublier le Trophée des Champions. Seuls les seizièmes de finale perdu face à Montpellier au Parc fin janvier (1-2) et l’élimination en Ligue des Champions auront été les deux ombres au tableau de ce PSG qui s’est considérablement amélioré en l’espace d’une saison. Ses qualités d’entraîneur ont été démontrées, et ce ne sont pas les critiques de Christian Gourcuff, qui estime qu’il délègue beaucoup trop à son adjoint Jean-Louis Gasset, qui nous fera penser le contraire.
Désormais prolongé, Laurent Blanc ne sait malheureusement pas vraiment à quoi s’attendre cet été. Avec les sanctions infligées au PSG suite au fair-play financier, il devra composer avec certainement un ou deux départs pour acheter (en plus de celui de Jérémy Ménez, dont le départ est déjà acté et peut-être Alex, dont le contrat n’est toujours pas renouvelé). Qui doit partir ? Pour acheter qui ? Si cela est normalement le boulot du futur directeur sportif (Leonardo ?), Laurent Blanc devrait logiquement avoir son mot à dire. Il connaît mieux que quiconque les forces et faiblesses de son effectif, mais aussi les caractères et les affinités de chacun. Vendre un Lavezzi, par exemple, ferait sans doute perdre une certaine cohésion dans les vestiaires. Bref, Laurent Blanc a du pain sur la planche. Mais on voit mal comment ce PSG-là pourrait régresser sous sa tutelle….