Roland-Garros : l’extension désapprouvée par le Conseil de Paris
Publié le Par Laurent Pradal
Le Conseil de Paris s’est prononcé aujourd’hui sur la temporisation du projet d’extension et de modernisation de Roland-Garros. Un projet qui doit phagocyter les serres d'Auteuil, soutenu par le gouvernement qui aura le dernier mot sur son approbation.
La Mairie de Paris et le gouvernement étaient pour, et pourtant… Le Conseil de Paris a voté aujourd’hui en faveur d’une « temporisation » du projet de la Fédération Française de Tennis, la FFT, au sujet de l’extension et de la modernisation de Roland-Garros. Un vote qui s’est soldé par 82 voix pour et 76 contre, pour deux vœux : celui de la FFT quant à l’extension des courts et celui des écologistes qui demandaient un complément d’études sur ce projet qui détruirait en partie les serres d'Auteuil. Ainsi, lors de ce vote, EE-LV, la droite et le centre se sont unis contre le PS et le PCF.
Les écologistes souhaitent ainsi soumettre, grâce à ce délai obtenu pour le moment, un projet alternatif qui propose de couvrir une partie de l’A13 pour préserver les serres d'Auteuil, cheval de bataille du groupe politique à Paris depuis déjà un certain temps. Ils comptent ainsi, grâce à ce vote, obtenir le soutien de la ministre de l’Ecologie, Ségolène Royal, bien que le gouvernement soit favorable au projet de la FFT et alors que la ministre portait un intérêt certain pour le projet de préservation des serres. Une décision finale qui de toute façon reviendra au gouvernement, avec le feu vert de la Mairie de Paris, même si elle s’est prononcée en faveur des deux « vœux ».
Un projet d’extension « une fois de plus otage de jeux politiciens »
Une décision du Conseil de Paris que digère mal le directeur général du tournoi, Gilbert Ysern, qui estime que le projet d’extension est « une fois de plus otage de jeux politiciens qui nous dépassent ». Et de s’inquiéter : « J’ai de très sérieux doutes que le motif du vote de ce matin soit Roland-Garros ». Il poursuit : « Je pense que tout le monde saura faire la part des choses ». Quoi qu’il arrive la FFT doit choisir le 20 juin prochain l’entreprise qui s’occupera des travaux. Le chantier doit normalement commencer en septembre ou novembre, si le gouvernement approuve le projet. « On est arrivé au terme de cinq ans de procédure et on attend avec impatience nos permis de construire » finit par lâcher Gilbert Ysern.
Au cours de la discussion au Conseil ce matin, la Maire de Paris a rappelé que le vote des élus du Conseil de Paris n’avait pas de valeur décisionnelle, et que c’est le gouvernement qui aurait le dernier mot. Anne Hidalgo aurait d’ailleurs ironisé juste après le vote en déclarant « Les deux vœux sont adoptés… Nous nous retrouverons pour l’inauguration de Roland-Garros ». Lundi dernier, soit trois jours avant le vote, la Maire de Paris avait déjà fait connaître son empressement quant au lancement du projet de la FFT : « Les débats sur Roland-Garros, c’est fini, c’est derrière nous… Roland-Garros, c’est parti » avait ainsi annoncé à la presse Anne Hidalgo.
Roland-Garros, un véritable atout pour une candidature aux Jeux Olympiques, et un projet de la FFT plus respectueux de l’environnement que celui d’EE-LV
Un projet de la Fédération Française de Tennis que soutient l’ancienne adjointe de Bertrand Delanoë, en vue d’une candidature aux Jeux Olympiques et Paralympiques de 2024 : « Roland-Garros est aujourd’hui un des symboles de la créativité architecturale et paysagère au service du sport dans notre ville » argumente-t-elle. Et de continuer : « Il sera demain un des atouts pour notre candidature aux Jeux Olympiques et Paralympiques ».
Et un projet des écologistes qui selon Anne Hidalgo ne tient pas la route d’un point de vue environnement, en tout cas comparé à celui de la FFT. Une étude du cabinet EGIS, demandée par le Conseil de Paris, a conclu sur le fait que le projet d’EE-LV est « techniquement faisable », mais que « ses impacts négatifs restent importants et il ne répond pas aux objectifs fonctionnels majeurs de la FFT ». A la Maire de Paris de conclure que ce projet « ne résout pas les difficultés fonctionnelles majeures auxquelles le site est confronté, aurait davantage d’impact sur la mobilité, serait porteur d’un bilan carbone bien plus lourd et représenterait un surcoût totale de 68 millions d’euros ». Un coût certain quand on sait que la ville de Paris fait des efforts pour réduire ses dépenses. Reste à connaître la décision officielle du gouvernement, qui pourrait tomber avant la fin du tournoi, au mois de juin.