Alstom : Siemens et Mitsubishi prêts à mettre 7,25 milliards d’euros sur la table
Publié le Par Antoine Sauvêtre
L’offre commune de Siemens et Mitsubishi pour le rachat d’une partie de la branche énergie se précise. Les deux groupes sont prêts à proposer 7,25 milliards d’euros. Moins que General Electric mais avec des conditions différentes.
Alstom va désormais devoir trancher. Alors que l’américain General Electric a déjà formulée une offre à 12,35 milliards d’euros pour la branche énergie du groupe français, l’Allemand Siemens et le Japonais Mitsubishi Heavy Industries (MHI) s’apprêtent à déposer une offre commune. Son montant : 7,25 milliards d’euros.
Activités stratégiques
C’est moins que celle du géant américain, mais elle apporte quelques garanties. D’abord, Alstom conserverait ses activités de distribution/transmission, mais céderait celles de turbines à gaz à l’Allemand pour 3,6 milliards d’euros et, pour le même montant, les turbines à vapeur au Japonais.
Ces dernières, utilisées dans les centrales nucléaires françaises sont particulièrement stratégiques. Si Arnaud Montebourg privilégiait l’option de créer un géant européen avec Siemens, l’Allemand ne semble pas attiré par ces activités. Il faut donc trouver un autre partenaire. Et l’entreprise nippone, déjà allié du français Areva pour la fabrication d’un réacteur nucléaire de moyenne puissance, pourrait être une solution de rechange. Ce qui n’est pas le cas de General Electric dans l’esprit du gouvernement.
Enfin, Alstom récupérerait les activités de transports de Siemens, ce qui pourrait permettre de transférer, ou de créer des emplois dans ce domaine.
General Electric toujours favori
Cependant, aux yeux d’Alstom, cette offre est loin de faire l’unanimité. D’abord parce qu’elle entérinerait un « démantèlement » des ses activités qui favoriserait des plans de restructuration, menaçant ainsi les emplois malgré les garanties de Siemens sur ce point. L’Allemand a assuré que les postes seraient préservés en France pendant au moins trois ans.
De plus, le projet de créer un grand groupe européen prend du plomb dans l’aile puisque le Japonais récupérerait la branche la plus stratégique et pourrait également être intéressé par les activités de l’éolien et de l’hydraulique, là où le français est à la pointe. « A ce stade, c’est davantage une offre MHI avec un appui de Siemens », explique une source proche du dossier dans les Echos. Rien à voir avec le projet initial donc.
De ce point de vue, l’offre de General Electric semble plus appréciée par les actionnaires. D’abord parce que l’enveloppe est bien plus élevée. Ensuite car ses activités sont complémentaires avec celles du français. Cela pourrait permettre de localiser les centres mondiaux de plusieurs activités dans l’Hexagone et ainsi de créer près de 1 000 emplois sur trois ans. Mais pour cela, Alstom ne peut se fier qu’à la bonne foi de l’Américain.
Réunion d’urgence à l’ElyséeQuoi qu’il en soit ; le gouvernement garde le nez dans le dossier. Ce matin, dès 8 heures, une réunion d’urgence était organisée à l’Elysée entre François Hollande, Arnaud Montebourg et Manuel Valls. « Il s’agit de faire le point sur l’état d’avancement du dossier », indique l’entourage du président, précisant que l’Etat « n’a pas de préférence pour une offre particulière ». Il faut dire qu’à l’heure actuelle, le projet du ministre de l’Economie de créer un « Airbus de l’énergie » en Europe tombe à l’eau. En attendant, le gouvernement se réserve le droit de bloquer une éventuelle offre acceptée par Alstom si elle met en péril les emplois, le maintien des centres de décisions en France et les activités de turbines à vapeur. Et au vu des deux offres, le gouvernement risque bien de faire quelques concessions si elle souhaite trouver une issue à ce dossier, dont la date limite pour le dépôt des offres arrive dans 4 jours…