Alstom : toujours aucune offre de Siemens
Publié le Par Raphaël Didio
Patrick Kron, le Pdg d’Alstom, a assuré ne pas avoir reçu d’offre de l’Allemand Siemens. Mais le ton monte avec Arnaud Montebourg, le ministre de l’Economie…
Entre Patrick Kron, le Pdg d’Alstom, et Arnaud Montebourg, le ministre de l’Economie, les tensions sont à leur paroxysme. Les deux hommes, auditionnés séparément mardi soir par la Commission des affaires économiques à l’Assemblée Nationale sur la vente de la branche énergie d’Alstom, continuent à distance leur joute verbale. « Patrick Kron, je le vois beaucoup parce qu’il me demande toujours de l’aide : pour vendre ses TGV, pour vendre des diesels de secours à EDF, pour vendre des centrales..., et c’est normal c'est mon travail. Mais Alstom n’a jamais voulu coopérer », a ainsi déclaré le ministre, réaffirmant que Patrick Kron avait tenté de mettre l'Etat devant le fait accompli en négociant secrètement la vente de 70 % de ses actifs au géant nord-américain General Electric (GE).
Mais le Pdg d’Alstom réfute cette théorie émise par Arnaud Montebourg. « Cela n' rien à voir avec la confiance mais avec la confidentialité. Ce genre de projet ne peut être mené que dans une confidentialité importante. C’est toujours le cas. Entre le moment où j’ai pris conscience qu’un accord était possible et la fuite de Bloomberg, il s’est passé quelques heures », s’est-il défendu devant les députés. Arnaud Montebourg a quant à lui pointé à nouveau les risques d’une perte de souveraineté en matière de nucléaire en cas de vente à GE et préfèrerait un rapprochement avec Siemens ou des alliances nouvelles avec des partenaires français.
Le groupe allemand a envoyé mardi un courrier pour « demander des précisions, approfondir la connaissance d’Alstom dans le but de développer certainement une proposition », a déclaré le ministre de l'Economie. « Nous avons compris cette détermination comme étant constante, sérieuse, appliquée », a ajouté le ministre. Sur Twitter, il a soutenu que le courrier de Siemens précisait « les axes d'une alliance » avec le fabricant français de turbines électriques et de TGV. Patrick Kron reste favorable à l’option américaine soutenant que « l'intégration avec General Electric est l'opération qui permet de donner aux activités énergie d'Alstom la taille critique », a-t-il répété, mettant en avant la complémentarité industrielle des deux groupes en ajoutant : « C'est une excellente option pour garantir l'avenir des activités énergie d'Alstom, l'avenir de ses sites et l'avenir de ses employés. »
Le conseil d’administration d’Alstom s’est donné comme délai la fin mai pour étudier des offres de rachat. Patrick Kron a admis que sa préférence pour GE était « d'autant plus facile qu'aujourd'hui nous n'avons qu'une seule offre. Lorsqu'il y aura une deuxième offre, si deuxième offre il y a, le conseil l'examinera », assurant par ailleurs un processus « rigoureux, équitable et transparent ». Mais Arnaud Montebourg n’en démord pas : « Rien n’est plié, tout est à décider. Si tous ceux qui n’ont pas la taille critique vendent, on ne va pas garder grand-chose », a expliqué le ministre de l'Economie aux députés.