Alstom : l’Etat s’apprête à saisir l’Autorité des marchés financiers
Publié le Par Antoine Sauvêtre
L’Etat va saisir l’Autorité des marchés financiers pour qu’elle s’assure que la vente du secteur énergie d’Alstom se fasse dans des conditions concurrentielles équitables. Objectif : donner sa chance à Siemens face à General Electric.
La vente du secteur énergie d’Alstom ne fait plus guère de doute. Reste à savoir à qui l’industriel français sera vendu. L’américain General Electric, dont l’offre après deux mois de négociations semble satisfaire la direction d’Alstom, est en position favorable. Mais l’allemand Siemens a les faveurs du gouvernement français qui souhaite préserver les centres de décisions sur le territoire européen.
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Ce mardi, les pouvoirs publics vont saisir l’Autorité des marchés financiers (AMF) pour qu’elle s’assure que le processus de mise en vente soit « ouvert, transparent et non discriminatoire », rapporte Le Monde. Une façon de donner à Siemens les mêmes chances que son concurrent américain. Ou du moins, que l’entreprise allemande bénéficie des mêmes informations pour tenter d’arracher le contrat.
Bientôt une offre de SiemensLe commissaire du gouvernement auprès de l’AMF devait exposer à cette instance les préoccupations du gouvernement au sujet de la vente d’Alstom. Une telle intervention de l’Etat lors d’une vente d’entreprises privées est exceptionnelle. Mais elle démontre les intentions du gouvernement : tout faire pour ne pas céder l’un de ses fleurons de l’industrie à une multinationale non-européenne. Le conseil d’administration d’Asltom doit se réunir cet après-midi pour décider de la vente, ou non, de sa division énergie à General Electric. La saisine de l’AMF par les pouvoirs publics devrait au moins permettre de repousser l’échéance. Car Siemens, qui a seulement déposé une lettre d’intention, pourrait très vite formuler une offre concrète.
Manifestation des salariés
Cette bataille économique inquiète les salariés. Ce mardi matin, le ministre de l’économie devait recevoir les syndicats d’Alstom pour leur faire part de cette saisine et pour répondre à leur demande de nationalisation, partielle et temporaire, du groupe. Les salariés devaient se réunir devant le siège d’Alstom à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine) et à Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis) pour manifester.
Une manière de faire entendre leurs voix. Selon eux, ni l’offre de General Electric, ni celle d’Alstom ne constituent un projet d’entreprise. « Il s’agit dans les deux cas d’une découpe d’Alstom par activités, cassant ainsi la cohérence et la force industrielle du groupe avec des conséquences importantes sur l’emploi », s’inquiètent-ils. La CGT appelait par ailleurs la direction à laisser les salariés, exclus des négociations, faire entendre leurs arguments auprès des potentiels repreneurs.