Terra Nova pointe les prix de l’immobilier pour expliquer la faible croissance
Publié le Par Antoine Sauvêtre
Dans une étude, Terra Nova, le think tank proche du PS, dénonce des prix trop élevés sur le marché de l’immobilier en France qui amputent l’économie française.
S’il est évident que des prix élevés dans l’immobilier (comme ailleurs) amputent l’épargne des Français, ils ont des conséquences encore plus importantes sur l’économie française dans sa globalité, selon Terra Nova. La fondation, qui dénonce la stabilité du marché français alors que les prix baissent dans tous les marchés européens voisins, y voit un véritable frein à la croissance et appelle à favoriser la construction.
Effets néfastes
Pour le think tank proche du Parti Socialiste, la faible compétitivité des entreprises françaises est liée à des prix de l’immobilier trop élevés. Il constate ainsi que les pays « qui sont restés très compétitifs sont ceux qui ont maitrisés au mieux leurs prix de l’immobilier ». D’abord car l’accès à la propriété demande aux ménages une épargne conséquente. Or tout euro épargné est autant de richesse non réinjectée dans la consommation des ménages, ce qui défavorise la production et donc les entreprises.
D’autre part, la fondation constate un creusement des inégalités entre les ménages. Les plus pauvres et ceux de la classe moyenne voient ainsi leur part de dépenses liées au logement considérablement augmenter et sont souvent exclus de la propriété. C’est notamment le cas pour les jeunes. A l’inverse, les ménages les plus aisés, déjà propriétaires avant la crise, n’ont subi aucune conséquence si ce n’est d’augmenter encore un peu plus la valeur de leur patrimoine.
Enfin, la hausse particulièrement remarquée des prix de l’immobilier dans les centres-villes a un impact sur l’urbanisme. Les grandes métropoles constatent un étalement urbain. Les nouveaux propriétaires des classes moyennes se retrouvent de plus en plus en périphérie des villes comme Paris, Lyon ou Nantes. Or cela a un impact négatif sur l’environnement. Face à « l’insuffisance des infrastructures urbaines », les ménages éloignés augmentent leur consommation de transport individuel, les plus polluants, ce qui représente un coût environnemental de plus en plus élevé.
Les propositions
Pour expliquer la hausse des prix, Terra Nova pointe du doigt une offre trop faible par rapport à la demande. Selon eux, il est donc nécessaire de relancer l’offre dans l’immobilier et propose donc de… construire. Ou plutôt de motiver les collectivités locales à la construction. L’objectif : mettre fin à l’adage « maire bâtisseur, maire battu » en déresponsabilisant les édiles dans les choix de construction et reporter cette décision sur l’intercommunalité.
Autre objectif : forcer les propriétaires à vendre aux collectivités un terrain constructible, plutôt que de spéculer. Des pays d’Europe de Nord appliquent déjà cette obligation. En Suède par exemple, si un propriétaire n’entame pas de construction sur un terrain le permettant dans les 5 ou 15 ans, les autorités ont le droit d’exproprier la propriété.
Enfin, la fondation souhaite dissocier juridiquement la propriété du foncier et celle du bâti. Ainsi, des organismes publics pourraient consentir sur leur terrain des baux de très longue durée (99 ans) et les particuliers à faibles revenus pourraient y acheter des logements sans avoir à s’acquitter du foncier. Une manière pour les collectivités locales de contrôler les prix des logements sur le long terme.