Investissements étrangers : l’avenir de la France passe-t-il par la Chine ?
Publié le Par Antoine Sauvêtre
Alors que François Hollande drague les investisseurs étrangers, un rapport de la Banque de France démontre que les investissements chinois en France ont explosé depuis 2005. L’arrivée de Dongfeng dans le capital de PSA en est un nouvel exemple.
L’entreprise Dongfeng faisait officiellement son entrée au capital de PSA Peugeot-Citroën, ce mardi 18 février. Une prise de participation d’une entreprise chinoise dans un groupe français qui devient de plus en plus fréquente. Les investissements directs de Pékin ont même bondi de manière impressionnante en moins de 10 ans selon la Banque de France. Evalués à 250 millions d’euros en 2005, ils sont passés à 3,5 milliards en 2012 (4,2 milliards en incluant Hongkong).
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En Europe, la Chine préfère la France
Une forte augmentation qui s’explique notamment par la prise de participation du fonds souverain chinois CIC dans la filiale d’exploration-production de GDF Suez en 2011. Et l’arrivée de Dongfeng chez PSA devrait encore confirmer davantage ce phénomène.
Certes, sur le total des investissements directs étrangers (IDE) en France, cela ne représente que 0,8%. Les Etats-Unis, qui pèsent entre 90 et 100 milliards d’euros, restent le premier investisseur étranger dans l’Hexagone. Mais la Chine aime la France. Mieux, elle la préfère à tous les autres pays européens. En 2012, la France était « le premier pays d’accueil en Europe des investissements créateurs d’emplois en provenance de Chine » rapporte Le Monde. Le territoire français capitalisait 21% des projets chinois dirigés vers l’Europe, employant ainsi plus de 11 000 personnes, notamment dans les secteurs de l’énergie, de l’agroalimentaire ou de l’aéronautique.
Exporter le « made in France »
Mais la Chine ne fait pas acte de bienfaisance en investissant en France. L’attrait de Pékin pour la production française s’explique par le fait que les Chinois cherchent à accéder aux marques ou aux technologies françaises reconnues, pour ensuite les exporter. Autrement dit, s’approprier une partie du « Made in France » pour mieux l’exporter… chez eux. Ainsi, les secteurs du luxe, des cosmétiques ou encore du vignoble sont très prisés par les investisseurs chinois. Le tourisme aussi. Le conglomérat financier chinois Fosun ayant récemment formulé une offre pour l’achat du Club Med.
Si la multiplication des investissements chinois est une bonne nouvelle pour l’économie française, et notamment pour l’emploi, elle ne l’est pas forcément pour le commerce. Domaine dans lequel la Chine – deuxième fournisseur du pays mais seulement huitième client pour les exportations françaises – reste particulièrement dominante par rapport à la France. Si le commerce bilatéral est passé de 10 milliard d’euros en 1995 à 60,7 milliards en 2013, cela profite surtout à Pékin. Le déficit commercial français – rapport entre importations et exportations – par rapport à la Chine s’est largement creusé. Il est évalué aujourd’hui à 21,6 milliards d’euros alors qu’il n’atteignait pas plus de 9,8 milliards en 2004.