Argenteuil : du sursis après des heurts suite au contrôle d’une femme en niqab
Publié le Par Raphaël Didio
Deux hommes âgés respectivement de 37 et 24 ans ont été condamnés à des peines de prison avec sursis pour leur participation à une échauffourée lors du contrôle d’une femme en niqab par des policiers en juin 2013 à Argenteuil.
Deux hommes jugés par le tribunal correctionnel de Pontoise pour leur participation à une échauffourée lors du contrôle d’une femme portant le niqab – le voile intégral – en juin 2013 à Argenteuil (Val-d’Oise) ont récolté des peines de prison avec sursis. Le premier, un père de famille de 37 ans, jugé pour un simple fait de « rébellion » mais déjà condamné à plusieurs reprises dont conduite en état d’ivresse, a reçu une peine de six mois avec sursis assorti d’un travail d’intérêt général. Le second, âgé de 24 ans, lui a été jugé pour « menaces de mort » et « violences » contre des policiers, mais son casier judiciaire étant vierge, une peine de quatre mois avec sursis a été requise à son encontre. La décision du tribunal a été mise en délibéré au 2 juillet.
80 personnes massées autour des policiers
C’est une histoire qui remonte à tout juste un peu plus d’une année. Le 11 juin 2013, plusieurs policiers sont pris à partie dans une rue au centre d’Argenteuil, alors qu’ils souhaitaient contrôler une femme de 25 ans portant le voile intégral. D’après eux, le contrôle a dégénéré après l’intervention d’un passant. 80 personnes se sont alors rapidement massées autour des agents qui ont dû essuyer insultes et coups.
Pour la procureure ce mardi, « Le contrôle des policiers était légitime, point », rappelant que les prévenus n'avaient aucun droit à le « contester ». Le comportement des mis en cause « a eu pour effet d'échauffer les esprits », a-t-elle ensuite ajouté. Car pour ramener le calme, les policiers ont dû utiliser balles en caoutchouc et bombes lacrymogènes. Une quarantaine de fonctionnaires étaient mobilisés alors et plusieurs d’entre eux avaient été blessés.
Contexte de tension à Argenteuil
« Je respecte l'ordre, je n'aurais pas dû agir ainsi », a regretté mardi le père de famille. Il a déclaré s'être mêlé à la foule « pour voir » de quoi il retournait après avoir aperçu son fils au sein du groupe. Il a toutefois tenu à déclarer que « La réaction des policiers était disproportionnée. Il y avait des mamans, des poussettes ». Décrit comme l’une des personnes les plus virulentes de la foule, l’autre accusé a lui nié toute menace de mort et toue violence envers les forces de l’ordre, évoquant une possible « erreur » sur la personne car « il y avait beaucoup de gens présents, monsieur », a-t-il tenté d‘expliquer au président.
Ces incidents étaient intervenus dans un contexte d’extrême tension à Argenteuil puisque les faits se sont déroulés trois semaines après l’agression dans une rue de la ville d’une jeune femme portant le voile. Deux jours plus tard, une autre femme voilée avait porté plainte après avoir été agressée en ville par deux personnes. Pour rappel, une loi entrée en vigueur en 2010 interdit de dissimuler son visage dans l’espace public, et la violation de cette interdiction est punie d’une amende maximum de 150 euros.