Les agriculteurs se mobilisent à Paris contre la multiplication des normes
Publié le Par Raphaël Didio
Des centaines d’agriculteurs se sont rassemblés place de la Corcorde à Paris pour protester contre la multiplication des normes au moment où le projet de loi d’avenir de l’agriculture est examiné à l’Assemblée nationale.
Les agriculteurs ont décidé d’entreprendre une série d’opérations coup de poing ce mardi : plusieurs centaines d’entre eux se sont rassemblés à Rungis à l’ouverture du marché de gros, des centaines de camions ont été ralentis par 200 manifestants dans la nuit sur l’A1 à hauteur du péage de Senlis, et un rassemblement surprise a eu lieu sur la place de la Concorde à Paris avec près de 200 manifestants masqués de sacs-poubelles qui ont incendié palettes, bottes de paille et craqué des fumigènes.
Les exploitations étouffées
C’est le projet de loi d’avenir sur l’agriculture, actuellement examiné ce mardi en commission à l’Assemblée nationale, puis à nouveau au cours de la première semaine de juillet, qui a poussé les syndicats agricoles à appeler à une journée nationale de mobilisation afin de délivrer « un carton jaune » au gouvernement. La multiplication des « contraintes », comprenant restrictions et coûts supplémentaires, étouffe les exploitations.
Une zone d’interdiction d’épandage de produits phytosanitaires, y compris des produits homologués en agriculture biologique, sera prévue à moins de 200 mètres de toute zone d’habitation ou lieu public. Cela concerne près de 100 000 hectares en Ile-de-France. « La FDSEA Ile-de-France s’insurge contre cette nouvelle mesure qui vient encore un peu plus réduire l’outil de travail des agriculteurs, dans un contexte de demande alimentaire mondiale croissante. Plus grave pour les producteurs spécialisés, c’est le risque d’être obligés d’arrêter leurs activités », explique le syndicat. « Vous voulez manger français, on est prêt à produire pour vous, mais pour autant que l'on ne nous entrave pas », a tancé Dominique Barrot, le secrétaire général de la FNSEA.
Le traité de libre-échange pointé du doigt
Les agriculteurs se montrent également très critiques envers le traité de libre-échange actuellement en négociation entre l’Europe et les Etats-Unis, ce qui ouvrirait la porte à l’importation massive de produits agricoles américains et dont la qualité laisserait à désirer. Chose à laquelle le gouvernement rétorque que « l'agriculture française et les secteurs agroalimentaires et forestiers doivent relever le défi de la compétitivité pour conserver une place de premier plan au niveau international, et contribuer au développement productif de la France. Ils doivent continuer à assurer une production alimentaire de haut niveau qualitatif et en quantité suffisante face à l’augmentation de la population mondiale, tout en s’inscrivant dans la transition écologique. Le projet agro-écologique pour la France a ainsi pour objectif de placer la double performance économique et environnementale au cœur de pratiques agricoles innovantes. »
Ce texte prévoit aussi de « nouveaux outils d’accompagnement pour tous les jeunes agriculteurs et les nouveaux installés de plus de 40 ans. Tous les candidats à l’installation bénéficieront d’une couverture sociale et d'aides pour favoriser l’installation hors du cadre familial. Le gouvernement répond également à un souci d’équité en modifiant les critères d’assujettissement au régime des non-salariés agricoles pour mieux prendre en compte la diversité des exploitations agricoles. Les règles d’urbanisme sont adaptées pour lutter contre l’artificialisation des terres, grâce à des dispositifs plus protecteurs des espaces agricoles, mais aussi des espaces naturels et forestiers, et à la définition d’objectifs chiffrés de consommation économe de ces espaces », précise ainsi le ministère de l'agriculture.