Torture en Libye : la société française Amesys au cœur d’une enquête
Publié le Par Julie Catroux
Les liens entre la France et la Libye ne semblent pas que politiques. La société française Amesys est au cœur d’un scandale. Accusée par deux ONG d’avoir fourni un système de surveillance au colonel Kadhafi, elle pourrait être jugée pour complicité de torture.
Une enquête vient d’être ouverte visant la société informatique Amesys, filiale de Bull. Confiée à une juge spécialisée dans les crimes de guerre, crimes contre l’humanité et les génocides du tribunal de grande instance de Paris, cette information judiciaire fait suite à la plainte déposée par deux ONG, la Fédération international des droits de l’Homme (FIDH) et le Ligue des droits de l’Homme (LDH) en date d’octobre 2011. Ces ONG dénoncent le fait que « la société ait fourni au régime de Mouammar Kadhafi, à partir de 2007, un système de surveillance des communications destinée à surveiller la population libyenne ». « Nous déplorons qu'il ait fallu attendre sept mois avant qu'une information judiciaire soit effectivement ouverte sur un dossier portant sur des faits aussi graves», a déclaré Patrick Baudouin, président d'honneur et coordinateur du groupe d'action judiciaire de la FIDH avant d’jouter « Nos organisations espèrent maintenant que des investigations seront rapidement diligentées, tant en France qu'en Libye, pour établir la vérité des faits et la responsabilité éventuelle de la société Amesys ».
Selon la FIDH, la société Amesys aurait conclu un contrat dans le but de procurer des « technologies aux fins d’interception de communication, de traitement de donénes et d’analyses en 2007 ». La FIDH affirme que cette mise à disposition du matériel de surveillance relèbe de la complicité d’actes de torture du fait qu’elle « permettait à Kadhafi et son régime de placer sous surveillance toute la population libyenne et notamment les opposants et de les arrêter et les mettre en prison où ils étaient torturés ».
Révélée par le quotidien américain Wall Street Journal, l’affaire fait suite à une autre plainte pour violation de la vie privée déposée à Aix en Provence par l’ONG Sherpa l’année dernière et qui avait été classée sans suite. Le journal affirme que la société Amesys avait équipée le centre de surveillance d’internet de Tripoli en 2009 avec un système d’analyse du trafic qui a pour but de contrôler les messages échangés. La société française avait reconnu avoir fourni « du matériel d’analyse » au régime libyen en affirmant toutefois que le contrat avait été signé dans le cadre d’un « rapprochement diplomatique ».