Intermittents du spectacle : menace de grève sur les festivals d’été
Publié le Par Raphaël Didio
Le statut des intermittents du spectacle est en passe d’être réformé. En signe de contestation, ces derniers se sont mis en grève lors du spectacle d’ouverture du 28e Printemps des comédiens de Montpelllier et promettent des actions dans les autres festivals d’été.
Le patronat et les syndicats avaient signé les accords Unédic le 22 mars dernier. Depuis, les intermittents du spectacle ne cessent de montrer les dents. Supposé être signé d’ici la fin de ce mois de juin par François Rebsamen, le ministre du travail, ce texte prévoit une nouvelle convention d’assurance chômage instaurant un système de « droit rechargeables » mais également l’instauration d’un plafond d’allocation et de cumul allocation/revenus, fixé tous deux à 4 380 euros par mois.
La Cour des Comptes grogne depuis 2003 quant à ce régime spécifique des intermittents, puisqu’elle estime qu’elle plombe les finances de l’Etat. Pierre Gattaz, patron du Medef, espérait le supprimer mais Aurélie Filippetti, ministre de la culture, et Laurence Parisot, ex-patronne du Medef, sont venus au secours des intermittents. Lundi, la CGT a quant à elle adressé un ultimatum aux pouvoirs publics pour exiger de « ne pas agréer l’accord du 22 mars » modifié le 17 avril qui « ajoute de la précarité et menace à terme l’existence même de certains acteurs du secteur de la création ».
Le 28e Printemps des comédiens fortement menacé
Pour contester, les intermittents du spectacle ne comptent pas y aller de main morte. Mardi soir à Montpellier, la pièce Vader de Franck Chartier, spectacle d’ouverture du 28e Printemps des comédiens, a été annulé. Ce mercredi, la scène devrait être une nouvelle fois vide. Les intermittents ont prévenu que « sans réponse de la part du gouvernement, le Printemps des Comédiens, premier festival estival, est en grève reconductible. » Ce mercredi matin, une assemblée générale devait décider ou non de la poursuite du mouvement.
Une réouverture de négociations sur la base des propositions du comité de suivi rassemblant des représentants des intermittents, des entreprises du spectacle et des parlementaires est réclamée par les intermittents. La CGT-Spectacle a appelé à manifester le 16 juin en province et à Paris sur la place du Palais Royal, ainsi que le 9 juillet avec une assemblée générale du In et off à Avignon, avant de conclure par une manifestation le 12 juillet pendant le festival.
Filippetti à la rescousse
Ils interrompront également tous les spectacles où seraient présents des ministres cet été dans les festivals. «Nous appelons l'ensemble des salariés et auteurs à manifester et à voter la grève le 16 juin à l'occasion du Conseil national des professions du spectacle», a également indiqué le syndicat dans un communiqué. Il faudra désormais scruter avec attention la position de François Rebsamen, qui s’est vu décerner un « Molière de la Trahison » lors de la cérémonie des Molières. 88 élus dont Martine Aubry, la maire PS de Lille, lui ont écrit pour ne pas signer cette nouvelle convention Unedic.
Aurélie Filippetti avait réclamé une étude d’impact de cette réforme et avait promis début avril d’intervenir en faveur des intermittents. Des pistes sont à l’étude, comme les Assises de l’intermittence sous l’égide des parlementaires. La ministre de la culture espère également la création d’un fond d’accompagnement pour les intermittents les plus pauvres, mais ce n’est pas au goût de son collègue du ministère du Travail…