Logement : la fin de la trêve hivernale menace des milliers de familles d’expulsion
Publié le Par Antoine Sauvêtre
Depuis 6h ce matin, les expulsions des ménages poursuivis pour impayés de loyers, suspendues durant l’hiver, ont repris. Avec la crise, le nombre d’expulsions pourrait augmenter. Des milliers de familles sont menacées.
Prolongée de 15 jours cette année, la trêve hivernale a pris fin ce mardi 1er avril à 6h du matin. Chaque année, elle est vécue comme un véritable calvaire par des milliers de familles menacées d’expulsions pour impayés de loyers. Mais aussi par les SDF qui vont subir la fermeture de plusieurs centres d’accueil.
De plus en plus d’expulsions
Pour dénoncer ces expulsions, 34 associations d’aide aux plus démunis ont demandé, une nouvelle fois, « un moratoire » au gouvernement, et la mise en place d’une « vraie politique de prévention ». Il faut dire que les chiffres ne sont pas rassurants. Le nombre de décisions judiciaires d’expulsion ne cesse d’augmenter pour atteindre 115 000 cas en 2012, soit une hausse de 37% en 10 ans. En 2012 toujours, près de 13 000 expulsions effectives avec l’appui des forces de l’ordre ont été recensées.
Mais selon la Fondation Abbé-Pierre, ce sont « plutôt 40 000 à 45 000 familles qui sont touchées par une expulsion », car certaines n’attendent pas l’intervention de la police pour quitter leur logement. « L’équivalent d’une ville comme Chartres, Melun, Gap ou Nevers », souligne Christophe Robert, délégué général de la fondation.
La menace de la criseLes effets de la crise économique sur les difficultés pour les ménages à payer leur loyer expliquent l’accélération du nombre d’expulsions, mais la fondation s’inquiète surtout des possibles nouvelles décisions politiques qui pourraient affecter le pouvoir d’achat des Français. Pendant neuf mois, les aides au logement (APL) ne seront déjà pas revalorisées en 2014. Un gel qui pourrait aussi concerné le revenu de solidarité active (RSA). Enfin, les associations réclament des dédommagements pour les propriétaires en cas d’impayés. « Un fonds existe, mais il est aujourd’hui sous-doté », se plaignent-elles. D’une valeur de 78 millions d’euros en 2005, il n’atteint plus que 42 millions d’euros en 2013.