Salles de shoot : l’Académie de pharmacie émet un avis défavorable
Publié le Par Antoine Sauvêtre
L’Académie nationale de pharmacie, société savante reconnue d’utilité publique, s’est prononcée, lundi 3 mars, contre l’expérimentation des « salles de shoot » alors que le gouvernement prépare une loi pour « sécuriser le projet ».
C’est un nouveau coup dur pour le projet des « salles de shoot » soutenu par le gouvernement. « L’Académie nationale de pharmacie émet un avis défavorable à l’expérimentation de salles d’injection contrôlée de ‘drogues de rue’ telle qu’elle est actuellement définie dans le projet », expliquait la société savante dans un communiqué. Si l’instance n’a aucun pouvoir de décision, son avis défavorable ne devrait pas aider à porter le projet qui a déjà du mal à trouver des soutiens. L’ONG Médecins du monde, elle, soutient ce projet, qui permettrait de diminuer la consommation dans les lieux publics, de réduire la transmission de maladies par seringues usagées et de limiter le nombre d’overdoses.
Projet de loi en préparation
Alors que le gouvernement souhaitait ouvrir une première salle de ce type à Paris, près de la gare du Nord, le Conseil d’Etat avait ralenti la procédure en octobre, recommandant de légiférer sur le sujet pour « sécuriser juridiquement le projet ». Danièle Jourdain-Menninger, présidente de la Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie (Mildt) était alors chargée de rédiger un texte de loi, toujours en préparation aujourd’hui.
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L’Académie de pharmacie, qui se décrit elle-même comme jouant « un rôle de conseil auprès des pouvoirs publics, notamment en émettant des avis et des vœux dans tous les domaines de sa compétence », justifie sa position par le fait qu’il n’est pas possible de garantir la qualité, l’identité et la non-contamination des produits injectés. D’autre part, selon elle, l’objectif devrait être de « venir en aide à ces patients et non d’entretenir leurs addictions », rappelant que des pays comme la Suède ont supprimé leurs salles d’injections après des résultats « peu convaincants ». Enfin, l’Académie réclame un « renforcement des moyens alloués aux centres de soins pour toxicomanes et aux unités d’addictologie ».