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IVG : le débat de retour sur la place publique et politique

Publié le  Par Roxane Bayle

Crédit image © Peter Potrowl -Wikimédia


La ministre du droit des Femmes, Najat Vallaud-Belkacem, tente de supprimer la notion "en détresse" du texte de loi de Simone Veil sur l'avortement. Il n'en fallait pas plus pour que le débat soit relancé en France : dimanche 19 janvier, 16000 personnes ont défilé dans les rues de Paris contre l'avortement.

Najat Vallaud-Belkacem a-t-elle ouvert la boîte de Pandore, pour reprendre l'expression de Jean-Louis Borloo (UDI) ? En proposant de supprimer la notion de "femmes en détresse" de la loi Simone Veil, permettant l'avortement, se doutait-elle qu'elle allait donner un nouveau souffle au débat sur l'IVG ?

Car il n'en fallait pas plus aux anti-IVG pour descendre dans la rue, dimanche 19 janvier, à Paris. Entre 16000 et 40000 personnes se sont mobilisées à l'occasion de cette "marche pour la vie", dont des personnes âgées, des jeunes familles, et des membres de la Manif pour Tous. Si beaucoup protestent contre la suppression de la notion de "détresse" dans le texte, amenant, selon eux, à une "banalisation" de cet acte, d'autres sont venus simplement manifester contre l'avortement, qu'ils qualifient de véritable "assassinat" de bébés partout dans le monde. Galvanisés par l'exemple espagnol, qui vient de fortement restreindre l'IVG, les manifestants espèrent que la France suivra le même chemin. Beaucoup de personnalités politiques ont été aperçues, dont Christine Boutin (parti démocrate), des élus du Front National et des députés espagnols à l'origine de la loi restreignant l'avortement.

Une contre-manifestation a été organisée ce même jour, place d'Italie : environ 800 personnes se sont rassemblées pour défendre le droit des femmes à disposer de leur propre corps, et à choisir, seules, si elles doivent avorter ou non. Pour elles, l'IVG est un droit qu'il faut absolument défendre pour garantir la liberté des femmes.

L'UMP dénonce une "banalisation", le PS craint une "régression"

Côté politique, le Parti socialiste craint une "régression" : "Plusieurs milliers de personnes ont défilé comme elles défilent chaque année pour protester contre le droit à l'IVG. Soyons clairs : c'est une constante. Il y a encore aujourd'hui dans notre pays des gens qui n'admettent toujours pas que les femmes aient la liberté de disposer de leurs corps ", se rassure la ministre du droit des Femmes, ajoutant qu'une " immense majorité de Français adhèrent totalement au droit à l'IVG" et donc, " il n'y a pas de risque de fracture de la société française". Il était important pour la ministre de "conforter la loi sur l'avortement : " Cette autonomie de choix, c'est extrêmement important de la réaffirmer à un moment où l'on voit bien autour de nous que les tentations de régression en matière d'IVG sont très présentes " dit-elle.

Pour Marine Le Pen, cet amendement "banalise totalement" l'IVG : "Ce n'est pas un moyen de contraception comme un autre" martèle-t-elle sur France Info. Elle appelle Simone Veil à exprimer son opinion sur cet "amendement socialiste". Si elle a déclaré que le FN ne "voulait pas modifier la capacité d'accès à l'IVG ", son père, Jean-Marie Le Pen, a déclenché une vive polémique en appelant les femmes à "assumer leur fonction de reproduction" dans les colonnes de Var-Matin.

Même son de cloche du côté de l'UMP : il ne faut pas banaliser l'avortement qui ne reste pas un acte anodin. Neuf députés ont même déposé un amendement demandant le déremboursement de l'IVG. Mais la majorité de ce parti de droite s'accorde sur le fait qu'il faut défendre la loi Veil, représentant une avancée pour les droits des femmes.