Médecins intérimaires : ils coûtent 500 millions d'euros par an aux hôpitaux
Publié le Par Antoine Sauvêtre
Afin de pallier la pénurie de médecins, les hôpitaux font appel à des praticiens intérimaires pour assurer les soins. Un travail temporaire qui coûte très cher aux établissements.
La controverse est venue d’un rapport du député socialiste de l’Isère, Olivier Véran, qu’il présentera à l’Assemblée nationale ce midi. Dans une interview au Monde, l’élu décrit le constat accablant de son enquête. Il estime à 6 000 le nombre de médecins qui « ne font que du remplacement. » S’il avoue que « la situation est difficile à quantifier, parce qu’il y a une omerta », le surcoût s’élèverait à « 500 millions d’euros par an pour les hôpitaux. Soit plus de trois fois leur déficit. » Et c’est l’Assurance maladie qui trinque.
Rémunérations, indemnités et frais
Si le coût est aussi élevé, c’est que les tarifs des médecins d’intérim sont bien plus élevés que ceux d'un poste de titulaire. En moyenne, un travailleur temporaire gagnera « 650€ nets la journée et 1 300€ la garde », ce à quoi il faut ajouter des indemnités de congés payés ou de précarité et souvent le transport, le gîte et le couvert. Un titulaire, lui, ne gagne en moyenne « que » 250€ nets la journée.
Et depuis quelques années, les prix « ont explosé » car les médecins « n’hésitent pas à négocier » ou à faire jouer la concurrence entre les hôpitaux en recherche urgente de praticiens. Un médecin en contrat temporaire peut ainsi gagner jusqu’à 15 000 € par mois.
Pénurie de médecinsLa raison d’un tel phénomène est liée à la pénurie de médecins praticiens à laquelle font face les hôpitaux français. Le recours au travail temporaire s’est alors imposé comme une solution à court terme. Sauf qu’aujourd’hui, l’utilisation de l’intérim s’est généralisée. Les hôpitaux, petits ou grands, se livrent désormais à une concurrence pour être « celui qui recrutera l’intérimaire le plus vite, quitte à aligner des sommes importantes et mettre en place des pratiques irrégulières. » Les urgentistes, anesthésistes-réanimateurs, et radiologues sont particulièrement concernés. Or les deux derniers sont justement les médecins les plus chers sur le marché, selon une étude IGAS réalisée en 2009.
Deux prioritésLe député proposera 14 directives à ses pairs pour tenter de contrer ce fléau qui creuse le déficit de l’Assurance maladie. Il a analysé deux urgences. D’abord, faire stopper les abus en plafonnant les rémunérations et en contrôlant les pratiques. Puis, rendre les hôpitaux attirants en permettant aux jeunes diplômés de gagner plus de 3 000€ nets par mois et mettre en place des coopérations entre petits hôpitaux, les plus touchés par ce phénomène, pour recruter et ainsi « offrir des postes plus intéressants. »