Accueil |  Qui sommes-nous |  Contact


Ecotaxe : pourquoi cette fronde des bonnets rouges bretons ?

Publié le  Par Antoine Sauvêtre

Crédit image © Ludo29880 - flickr


L’annonce de l’instauration d’une nouvelle taxe, même écologique, n’a ravi aucun secteur de l’économie française. Mais la fronde est venue de Bretagne, et particulièrement des agriculteurs bretons.

A trop en parler, on finit par s’y perdre. Les opérations coup de poing réalisées par les agriculteurs bretons sur les portiques écotaxe ont souvent pris le pas sur les arguments avancés par les « bonnets rouges ». La révolte bretonne a émergé après la signature du contrat Ecomouv, et l’installation des portiques écotaxe.


A la base, celle-ci avait une finalité écologique. Le but ? Taxer les poids lourds de plus de 3,5 tonnes sur tout le territoire, en fonction de la distance parcourue afin de limiter les trajets longue distance, au profit du fret par exemple. Mais depuis, l’argument économique a pris le dessus. Aujourd’hui, cet impôt permettrait de financer les infrastructures de transport (ferroviaires et fluviales) et d’entretenir le réseau routier. Selon le gouvernement, ce nouvel impôt lui rapporterait près d’1,2 milliard d’euros par an.


La Bretagne s’est rapidement sentie plus handicapée que les autres régions. D’abord, parce qu’elle est la première région agroalimentaire de France. Un marché qui nécessite de nombreux transports, avec des délais de livraison courts s’agissant de produits périssables. Ensuite, la Bretagne est géographiquement excentrée du reste de la France, et surtout de l’Europe. L’entreprise Savéol, spécialisée dans la production de fruits et légumes, a fait ses comptes. « Pour une tomate qui partira de Brest pour aller à Paris, le coût de l’écotaxe sera de six centimes. Par contre, il ne sera que d’un centime pour une tomate qui ira de Belgique à Paris », indiquait le directeur de l’entreprise dans le journal breton Le Télégramme. Un handicap de plus donc, pour une région qui subit de plein fouet la concurrence du Brésil, de l’Allemagne et du Danemark, dans le secteur agricole.


Visiblement conscient des circonstances particulières de la Bretagne, le gouvernement avait accepté un abattement de 50% pour cette région (30% pour l’Aquitaine et le Midi-Pyrénées). Insuffisant pour les exploitants bretons.


A ce rythme là, l’écotaxe a peu d’arguments en sa faveur. Pourtant, d’autres départements ne sont pas du même avis et ne comprennent pas le point de vue des « bonnets rouges ». La Charente a fait ses comptes et considère que la suppression de l’écotaxe représenterait pour elle un manque à gagner de près d’1,4 million d’euros par an. L’écotaxe a l’avantage de faire payer les transporteurs étrangers. Actuellement, ils ne paient pas pour utiliser les routes françaises, alors que les transporteurs français le font pour rouler dans certains pays voisins. Les départements du Sud-Ouest, transits entre le Nord et le Sud, pourraient donc profiter grandement du nouvel impôt. Car les camions étrangers, et notamment espagnols, submergent leurs routes.