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Furosémide Teva : vers un scandale sanitaire de grande ampleur ?

Publié le  Par Gaspar S.

Crédit image © Gatis Gributs - flickr


L'inspection des experts de l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) se poursuit, ce 11 juin, sur les lieux de production de boîtes de Furosémide du laboratoire Teva, un des leaders mondiaux des médicaments génériques.

Est-ce un scandale sanitaire de grande ampleur qui se profile ? Après l'annonce d'un premier décès d'un Marseillais de 91 ans, survenu après qu'il a absorbé un somnifère au lieu d'un médicament Furosémide, à la suite – vraisemblablement – d'une erreur de conditionnement, l'Agence nationale de sécurité du médicament a annoncé «deux nouveaux signalements de pharmacovigilance» avec «un décès et un cas grave».

 

De plus, le 10 juin, le parquet de Privas (Ardèche) a ouvert une enquête suite au décès d'une femme de 80 ans – survenu le 4 juin dans un hôpital de la Drôme. Quatre cas suspects sont donc aujourd'hui recensés.

 

Le 7 juin, l'ANSM avait rappelé deux lots de comprimés Furosémide Teva et bloqué la vente de ces lots en pharmacie. Le lundi 10 juin, c'était l'ensemble des lots qui était rappelé par l'Agence. Ce qui signifie que les lots concernés par l'erreur de conditionnement n'ont pas pu être identifiés...

 

«Dés que possible en pharmacie»

 

Dans un communiqué, l'ASNM rappelle que «les professionnels de santé doivent déclarer immédiatement tout effet indésirable suspecté d’être dû à un médicament dont ils ont connaissance au centre régional de pharmacovigilance, dont ils dépendent géographiquement.»

 

En outre, l'ANSM a demandé à ce que «les patients traités par furosémide Teva 40 mg se rendent dés que possible à leur pharmacie». Les pharmaciens doivent remettre aux patients un autre médicament à base de furosémide totalement équivalent afin que leur traitement diurétique soit poursuivi.

 

Ce 11 juin, les experts de l’Agence du médicament (ANSM) continuent leurs investigations sur le site du laboratoire Teva à Sens (Yonne) entamées la veille. Il s'agit de comprendre pourquoi des somnifères à base de Zopiclone ont remplacé des diurétiques dans les boîtes de Furosémide Teva. Sur le site, les experts ont rencontré le personnel et examiné des dossiers administratifs concernant la production des boîtes de diurétique mises en cause.

 

Géant prospère du générique

 

Selon un porte-parole de l'ANSM, les signalements de cas «affluent de toutes parts et ils ne sont pas centralisés. Tout le monde en reçoit : les hôpitaux, Agences régionales de santé, le ministère de la Santé et l’ANSM».

 

Sur la trentaine d'alertes de retraits de lots émises par l'ANSM depuis le début de l'année, huit ont concerné des médicaments génériques et six ont directement visé des médicaments produits par Teva. Ces alertes ne sont pas rares et concernent le plus souvent des incidents ayant peu de conséquences (étiquetage, emballage, notice ..). Dans le cas de Teva cependant, 2 problèmes de stabilité ont été signalés, et un produit a perdu son Autorisation de Mise sur le Marché (AMM).

 

Teva Pharmaceutical Industries, géant israélien du médicament générique et des composants actifs, faisait en 2010 un chiffre d'affaire de 16, 1 milliards de dollars pour un résultat net de 3,3 milliards de dollars. Ces dernières années, la firme a pratiqué une politique ambitieuse de rachat, qui s'est notamment portée sur l'allemand Ratiopharm en 2010 ou Taiyo Pharmaceutical Industry, numéro 3 des génériques japonais, en 2011.