Socialiste et riche : une bizarrerie ?
Publié le Par Nina G.
La révélation des patrimoines souhaitée par le chef de l'Etat répond à l'exigence de moralisation de la vie politique suite au séisme Cahuzac. A propos de cette moralisation, Jean-Marc Sauvé, vice-président du Conseil d'Etat, confesse dans un entretien accordé au Monde le 15 avril: « d'un mal peut et doit sortir un bien » Pourtant, cette glasnost made in France est particulièrement décriée par la droite comme par la gauche.
Qui plus est, la publication des patrimoines montre que certains de nos ministres socialistes sont riches, très riches.
De l'image de l'homme de gauche
Perdure encore cette construction imaginaire du vrai homme de gauche pauvre, qui pour compatir avec ses pairs, pour leur montrer la véracité de son engagement, irait jusqu'à souffrir dans sa propre chair, totalement dépouillé. Comme si les valeurs se conjuguaient avec le porte-feuille. Et bien que cette représentation soit poussiéreuse, il apparaît que, avoir de l'argent quand on est à gauche suscite encore de nombreuses interrogations et réactions. D'où la réticence et la peur de certains ministres de dévoiler leurs petites affaires.
« L’héritage de mes parents ne m’a pas éloignée de l’altérité »
Michèle Delaunay, deuxième sur le podium des ministres les plus riches (juste après Laurent Fabius ) confiait dans l'édition de Sud Ouest du 15 avril que déclarer son patrimoine était une « épreuve au premier sens du terme ». Et d'ajouter : « L'opposition ne va pas manquer de s'engouffrer dans l'image de la socialiste riche ». A la question du journaliste lui demandant si être de gauche et riche était conciliable, la ministre a répondu : « L'argent n’a jamais été un problème pour moi, c’est vrai. Mais l’on peut reconnaître à quelqu’un de riche de vouloir de la justice sociale. L’héritage de mes parents ne m’a pas éloignée de l’altérité. Ma carrière hospitalière en atteste. L’essentiel de ce que m’ont légué mes parents n’est pas un patrimoine immobilier. C’est le sens du travail et le courage. C’est de faire en sorte que les enfants d’aujourd’hui puissent avoir le même parcours qu’eux. Partir de zéro et réussir. J’ai la même mentalité ». Par cette déclaration, la ministre assure que la conscience sociale ne diminue pas à mesure que l'enrichissement personnel progresse.