Passe d'armes entre Fdesouche et Midi Libre.
Publié le Par Eli Dy
Décryptage : le journal régional Midi Libre a subi les attaques, ces derniers jours, du site d'extrême-droite fdesouche, après avoir publié une enquête sur un militant repenti de Bloc Identitaire.
Tous les journalistes qui s'occupent de l'extrême-droite, du Front national et des Le Pen connaissent malheureusement très bien fdesouche. Pour ceux qui ne connaissent pas cette plateforme, il s'agit tout simplement de ce que l'on appelle la "fachosphère" : un site internet pro-FN qui recense les articles sur le web pouvant leur permettre de valider leurs théses xénophobes et nationalistes. Et si les journalistes connaissent ce site internet, ils sont encore plus familiarisés aux "trolls" de ce site, c'est à dire ces internautes qui viennent pourrir des articles avec des dizaines et des dizaines de commentaires plus xénophobes et racistes les uns que les autres.
Le quotidien Midi Libre en a eu l'expérience tout récemment, et dans trois articles (ici), (là) et (encore ici) il détaille ce phénomène qu'est la fachosphère. A l'origine, un simple article du quotidien qui relate le témoignage d'un ancien militant d'extrême-droite aujourd'hui repenti. Dans cet article/témoignage, le militant explique principalement les méthodes utilisées par l'extrême-droite pour "réveiller les consciences nationales en agissant principalemet sur internet" (cf le trolling intensif)
"On partait du principe que notre rôle était de (...) dire la vérité aux français qui étaient anesthésiés par les médias et les politiques" explique ce jeune homme. "Nous considérions que les médias mentaient tous (...) que la race blanche était en danger. Et comme on était peu nombreux, on a surtout utilisé internet. C'était pratique pour faire passer des messages, ça ne coûtait pas d'argent (...) Il fallait en priorité squatter les sites d'information générales à la recherche de toutes les informations raciales possibles. Monter en épingle les faits divers lorsqu'ils concernaient les étrangers" poursuit-il.
Jusque là, un article sous forme d'interview tout ce qu'il y a de plus banal. Sauf que l'affaire rebondit quand fdesouche réagit à cet article en tentant de discréditer Midi Libre.
Ce titre est évidemment totalement faux : comme l'explique Midi Libre lui-même, le témoignage incriminé n'a pas fait l'objet d'une seule modification et au contraire, il a poussé les journalistes de la rédaction à aller plus loin dans leurs investigations. C'est ainsi que le journal a mis à jour le fait que fdesouche "était hébergé à l'étranger, qu'il avait maille à partir avec la justice, qu'il avait été rayé du classement Wikio des blogs politiques, qu'il trichait sur la comptabilisation des like Facebook, qu'il s'auto-alimentait pour s'auto-satisfaire et que son action ne reposait, finalement que sur une petite et triste poignée de thuriféraires acquises à une cause idéologique aussi dangereuse que conspirationniste".
Ces articles de Midi Libre ont valu à la rédaction, qui le raconte, un flot d'insultes, d'attaques personnelles et d'amalgames, et même une attaque personnelle de la journaliste ayant réalisé l'interview du militant repenti, une femme qui, selon un commentaire "trempe dans pas mal d'affaires louches". Le seul problème est que le rédacteur de ce commentaire ô combien avisé fait référence à un article de Libération qui parle de...quelqu'un d'autre.
Le plus intéressant dans cet échange musclé entre le journal régional et le site xénophobe est sans doute dans l'illustration qu'il en fait des méthodes de la fachosphère pour répandre sa haine sur internet : insultes, attaques ne se fondant sur rien, trolling intensif et mensonges éhontés.