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Drogue, prison : Retailleau fait des annonces

Publié le  Par Fabrice Bluszez

Crédit image © dr


Contre le trafic de drogue, de cocaïne notamment, qui atteint des proportions inquiétantes, contre la porosité des prisons aux actions de cette mafia, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a annoncé... qu'il ferait des annonces ce jeudi 23 janvier.

Ce n'est pas la première fois. Bruno Retailleau avait déjà fait des annonces sur ce que l'on appelle désormais "le narcotrafic", une formule plus stylée que "trafic de drogue", qui fait plus banal, ou trafic de coke, qui s'est étendu même en zone rurale et permet aux trafiquants d'avoir des moyens financiers considérables. Il s'est exprimé depuis l'Ecole nationale d'administration pénitentiaire à Agen (Lot-et-Garonne). Lire l'encadré ci-dessous .

 

Le trafic s'accroît

 

Un chiffre sort ce jeudi : 49 tonnes de cocaïne saisies en 2024. Il ne s'agit que de la part saisie, qui ne donne pas une idée globale de la cocaïne distribuée en France. 

La drogue arrive d'Amérique du Sud et donc, assez logiquement, on en saisit plus dans le port du Havre (Seine-Maritime) : 14,3 tonnes en 2024. "En 2023, 5,5 tonnes avaient été saisies, 10 tonnes en 2022", note France Info. Mais on en saisit aussi aux Antilles ou dans des ports outre-Atlantique. Pour décharger au Havre, il faut convaincre les dockers. Deux moyens : l'argent, de 20.000 à 100.000 €, et des menaces de séquestration ou de mort.

 

Quatre fois plus de consommateurs

 

Pour qu'il y ait trafic, il faut des consommateurs. Beaucoup d'adeptes du shit, de la résine de cannabis (10 € la petite barrette), sont passés à la poudre blanche (60 € le gramme). Ils étaient 1,1 million de Français à avoir testé la coke en 2023, annonçait France Info à la mi-janvier. estimation, sur la base des hospitalisations : quatre fois plus de consommateurs en dix ans.
La coke n'est plus un produit de luxe. on en trouve dans n'importe quelle petite ville. La production de cocaïne a explosé en Amérique du Sud (Bolivie, Pérou, et bien sûr Colombie) : 2.700 tonnes en 2022 contre 1134 tonnes en 2010. 

 

Des trafiquants ayant de gros moyens

 

Le souci de l'explosion du trafic, c'est qu'il donne aux délinquants des moyens bien plus conséquents. Les sommes sont importantes, les armes circulent, on s'en sert... La vie d'un homme ne pèse pas lourd.

A Besançon (Doubs), en une semaine, trois commerces ont été mitraillés, signale Le Figaro. A Nantes (Loire-Atlantique), au pied d'une tour devenue point de deal, en décembre, "pas une semaine ne n'est passée sans que des coups de feu résonnent ou qu'une bagarre éclate", relève aussi Le Figaro.

 

Souci : la porosité des prisons

 

Impossible de gérer la porosité des prisons... Même Gérald Darmanin est obligé d'admettre qu'en 2024, plus de 45.000 téléphones ont été saisis. Si les portables circulent, c'est qu'ils contribuent, malgré les fouilles, à améliorer la vie quotidienne des détenus. Le ministre de la Justice pointe cependant un usage détestable : on a "des détenus qui ont des téléphones portables, qui continuent leur trafic, gèrent leur point de deal ou commandent des assassinats de leur prison."

 

Hélas, grâce au trafic de drogue, tout un système d'approvisionnement des détenus s'est mis en place. A Fresnes (Val-de-Marne), ce 2 janvier... "A l'intérieur de cartons de fromage râpé", les agents de l'administration pénitentiaire ont trouvé "45 téléphones portables, avec chargeurs et écouteurs, une vingtaine de cartes sim, 4 décodeurs pour AmazonTV, deux cigarettes électroniques, un tournevis et des clés Allen", a détaillé le parquet de Créteil. Info donnée sur FranceBleu.
 

Plus ennuyeux : à Osny (Val-d'Oise), cinq agents pénitentiaires ont été placés en garde à vue dont trois ensuite en détention provisoire, ce mercredi 22 janvier, soupçonnés d'avoir introduit des téléphones ou de la drogue en prison, note Sud-Ouest. Ce qui veut dire que la corruption est possible, pour peu qu'on s'en donne les moyens. A moins que ces agents, dont un capitaine, aient voulu faire preuve "d'humanité" ou aient été menacés...
 

Au Pontet (Vaucluse), un brigadier-chef de l'administration pénitentiaire avait 200 grammes de résine de cannabis et trois téléphones dans son casier. "Il est le 5e salarié en tois ans à être démis de ses fonctions", avec un et une surveillants et deux membres du personnel de maintenance, note FranceBleu ce jeudi 23 janvier.
 

 

Une prison pour narcotrafiquants

Cet établissement pénitentiaire sera aménagé d'ici le 31 juillet sur un lieu déjà existant, a annoncé Gérald Darmanin ce jeudi à Agen. « Ce sera lieu de détention inviolable où il sera impossible de se faire livrer téléphones et drogues », a-t-il déclaré, selon Le Parisien. Cent détenus, les plus gros trafiquants, y seront incarcérés. Deux autres prisons de ce type seront ensuite mises en place.
 

Une police pénitentiaire


C'est un vaste milieu fermé, avec une population de plus de 70.000 personnes sous surveillance de l'administration pénitentiaire, mais avec aussi un personnel de maintenance. C'est aussi un milieu ouvert dès lors qu'on pose des bracelets électroniques à des gens contraints d'effectuer leur peine chez eux. Il faut aussi les contrôler, d'où la création de la police pénitentaire... « Cette police pénitentiaire évaluera les missions de sécurité, de contrôle, de surveillance ». Pas de police sans "IGPN", un corps spécial sera constitué à l'image de l'Inspection générale de la Police nationale.
 

Autres annonces
 

Gérald Darmanin a aussi annoncé la création d'une Direction générale de l'Administration pénitentiaire, appuyée sur deux jambes : la sécurité pénitentiaire et le service insertion et probation... Puis, il veut un renforcement du service de renseignement de la justice pour surveiller les criminels les plus dangereux.. Enfin, il songe à l'expulsion des étrangers définitivement condamnés.