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Abbé Pierre : un indigne procès post-mortem

Publié le  Par Fabrice Bluszez

Crédit image © dr


Un étonnant procès semble lancé contre l'abbé Pierre. Une société a enquêté auprès de 12 "victimes" sur des faits qualifiables d'agression sexuelle, de son vivant (il est décédé en 2007). Insoutenable au plan légal et au final, indigne...

"Révélations sur des agressions sexuelles commises par l'abbé Pierre", titre le journal catholique La Vie... Un article qui commence par "révélations", c'est un mauvais départ.

"Agressions sexuelles" : c'est un délit. "Commises" : cela reste à prouver et à juger, sinon l'homme est présumé innocent. Enfin, Henri Grouès, dit l'abbé Pierre, étant décédé à l'âge de 94 ans, le 22 janvier 2007, il ne pourra pas se défendre de vive voix. Et avec son décès, l'action publique s'éteint : il n'y aura pas de jugement.


Emmaüs et le cabinet Egaé

 

Qui a lancé cette opération ? Emmaüs International qui, alertée sur un cas, a confié une "enquête" avec la fondation Abbé-Pierre et Emmaüs-France. Elle l'a confiée au cabinet Egaé, qui a établi un rapport, publié ce 17 juillet 2024, soit dix-sept ans après la mort du prêtre. 
 

Entre 1970 et 2005, et selon Egaé, 12 femmes auraient eu à se plaindre du prêtre. en Ensuite il est en fauteuil roulant. La première qui a aussi été la première à témoigner serait une femme mineure à l'époque des faits, en 1970. En réalité, seules sept femmes ont été entendues. La Vie note...

 

Le cabinet Egaé prend en compte cinq autres personnes « ayant pu subir des faits de violences », « sans qu’il ne soit à ce stade possible de les entendre », note le rapport.  

 

Il faut comprendre que le cabinet Egaé n'étant qu'une officine privée, lorsqu'il entend des témojns, il n'établit pas une vérité. Rien à voir avec une audition en bonne et due forme par la justice. Alors, s'il ne les entend même pas...

 

Rien qu'un homme

 

Les témoignages évoquent des gestes déplacés, à caractère sexuel. On en citera deux, dans La Vie...

 

Une autre femme entendue en entretien témoigne de faits subis à l’âge de 23 à 25 ans, vers 1986 ou 1988 : « Pendant qu’on parle du travail, il pose ses mains sur ma poitrine, mes seins. Ça m’a surprise, en même temps, je n’ai pas osé faire une réflexion. » Même atteinte sur une autre femme en 1995 : « Il me met la main sur le sein. Je lui ai pris la main, je l’ai enlevée. »  

 

On aura compris que contraint au célibat, Henri Grouès, qui n'était pas qu'un saint homme, a commis quelques écarts. L'Eglise s'en repent pour lui et entame une campagne publique. 


Juridiquement, cet homme est innocent puisqu'on n'a pas su, pas voulu, pas osé aller en justice de son vivant. Les témoignages ne peuvent être recevables puisque l'accusé est mort. Reste une forme de procès, indigne parce que post-mortem, qui semble plus relever de la vengeance que de la justice.

 

L'abbé Pierre au micro (photo FAP).