Numérama dénonce ExperimentBoy
Publié le Par Fabrice Bluszez
Le site Numerama propose un article dénonçant le youtubeur "ExperimentBoy", Baptiste Mortier-Dumont, pour corruption de mineurs. Hélas, l'enquête signée Marie Turcan, relève plus de "balance ton youtubeur" que du respect du droit.
L'article publié le 19 août s'intitule : « Il faut que ça cesse » : enquête sur ExperimentBoy, Youtubeur accusé de corruption de mineurs. Baptiste Mortier-Dumont y est accusé d'avoir profité de sa notioriété (plus d'un million de vues sur Youtube) pour entrer en contact avec des jeunes fans et avoir eu des échanges à caractère sexuel, y compris des échanges de photos. Certains avaient moins de 15 ans à l'époque. ExperimentMan, 26 ans, est actif depuis 2012. Les "preuves" sont des captures d'écran.
Numérama rappelle un de ses derniers tweets...
L'article inclut aussi une déclaration de l'avocat de Baptiste Mortier-Dumont...
« Outre l’atteinte manifeste à la présomption d’innocence, Monsieur Mortier-Dumont déplore une enquête dont le timing (position du mis en cause sollicité immédiatement avant la publication de l’article) laisse présumer – avant lecture même de l’article un positionnement partial » (...) « (Baptiste Mortier-Dumont) ... n’hésitera pas à poursuivre tout auteur de propos à caractère diffamatoire / ou attentatoires à la présomption d’innocence. »
L'avocat a été contacté la veille de la parution de l'article. A priori, on pourrait penser que l'on a donné la parole à la défense. Sauf qu'il s'agit d'une publication de conversations privées dans la presse et non d'un tribunal. Une fois encore, comme dans l'affaire Christophe Girard, dénoncé par le New York Times, on fait appel au "tribunal populaire", à l'opinion publique plutôt qu'à la justice. Cela relève plutôt du lynchage spectaculaire. Rappelons la Charte du journaliste de 1918 :
Un journaliste digne de ce nom (...) ne confond pas son rôle avec celui du policier.
La logique est que les victimes de délits s'adressent à la police ou la gendarmerie, qui enquêteront et à travers elles à la justice, qui jugera. Pas à la presse qui dénonce... Sur Numerama, les "victimes" ou témoins sont juste nommés « Pierre, Quentin, Erwan, François, Louis... », ce qui est un peu facile et montre les limites de l'exercice.
Dans le cas de Baptiste Mortier-Dumont, deux plaintes auraient été déposées, signale LeMonde... Le 22 juin, pour "corruption de mineurs, proposition sexuelles à des mineurs de 15 ans par communication électronique, engregistrement, diffusion ou détention d'images pronorgaphiques de mineurs", précise L'Alsace. L'audition des témoins et la qualification des faits précéderont une éventuelle mise en examen. Puis, il faudra attendre un premier jugement avant de sortir de la présomption d'innocence, qui est la règle tant qu'un jugement définitif n'est pas intervenu.
Une des dernières vidéos de Baptiste Mortier-Dumont, sur sa chaîne Youtube, plus de 800.000 vues...