StopCovid : un non au traçage qui s'organise
Publié le Par Fabrice Bluszez
Pour créer un sentiment de sécurité, l'application StopCovid permettra de repérer par Bluetooth et d'enregistrer les portables de personnes que vous croisez. Objectif : tracer les porteurs de coronavirus. Et les autres, fatalement.
Apple et Google, les deux géants gestionnaires d'application sur smartphone, ont annoncé qu'ils collaboreraient à la nouvelle application StopCovid en marquant deux nouvelles limites :
les données du Bluetooth sur l'identification seront éphémères et chiffrées, de façon à ne pas désigner une personne ; le temps de la rencontre sera fixé à 30 minutes, même si elle plus ou moins longtemps.
Pour l'instant, Apple laisse la liberté aux propriétaires d'iPhone d'ouvrir ou pas le Bluetooth. Or, sans Bluetooth, StopCovid ne fonctionne pas, note LesEchos.
"Non", au nom de la liberté
Le problème de l'application est qu'elle ne fonctionne qu'avec les gens qui transportent un téléphone portable (77% de la population, 44% des personnes âgées, selon phonandroid.com). Elle donne donc un faux sentiment de sécurité. Et au nom de cette sécurité, on organise le traçage des citoyens par leur téléphone.
Première objection, pleine de bon sens... StopCovid repose sur le volontariat des personnes testées positives au coronavirus. Mais celles-ci sont supposées rester chez elles. L'application permettrait donc de les repérer si elles sortent ? Avec quelles conséquences ?
Deuxième objection : l'organisation de ce traçage s'effectue à des fins de sécurité médicale et serait temporaire. Mais la machine mise en place avec un codage et des données éphémères peut être consacrée ensuite à d'autres tâches de l'Etat tout aussi impérieuses, comme la sécurité en général : contre le terrorisme, les opposants politiques ? Là, il s'agit des libertés publiques. On a aussi déjà pensé à rendre obligatoire l'application pour entrer dans des lieux rassemblant du public.
L'association La Quadrature du net a résumé ces objections dans un tableau.